Bientôt 40 ans (depuis 1971) que SBB sévit sur la scène du Rock Progressif. Bien avant Riverside et consorts, ces polonais fréquentaient les festivals, en plus ou moins bonne place. Quatorzième album studio pour le trio reformé depuis 1993. Leur précédent opus, "The Rock", avait été accueilli de façon mitigée par notre Peter Hackett, y trouvant un mélange de consonances italiennes et de 'Supertramp'.
Première remarque, l'album est relativement court, 42 minutes, et les titres qui le composent le sont aussi, un seul excédant 6 minutes. Autre remarque, le chant est entièrement en polonais. Exit donc l'anglais, 'deuxième' langue de SBB.
Difficile de décrire le style de cet album, tant la variété est de mise. L'entrée en matière est des plus convenues, avec un morceau que vous reconnaîtrez alors que ce n'est pas une reprise ("Iron Curtain"), faible reflet du reste de ce disque. L'orchestration, vrai point fort de ce CD, est déjà intéressante dans cette introduction. Il faut dire que l'expérience du trio garantit au moins ça.
Inutile de passer en revue chaque titre de ce "Iron Curtain", ce serait probablement rébarbatif. Notons tout de même une excellent "Defilada", dont la première partie, instrumentale, fait penser à du Pink Floyd, avec une batterie en véritable instrument plutôt qu'en rythmique, la partie chantée nous donnant un peu l'impression que Bono est passé leur faire un petit coucou et a appris le polonais.
Très différent, "Biogoslawione dni", rappellera, à ceux qui le connaissent, le groupe chilien 'La Desooorden", avec force percussion et rythmique à la sud américaine. Autre ambiance avec "Sunrise", instrumental jazz-rock et son thème très '70, et "Rozmowa z Mistrzem", assez jazzy aussi.
Le titre Camelele fait ou pourrait faire office de single dans cet ensemble bigarré. C'est une sorte de ballade très douce, sans heurt, assez agréable, avec un piano jazzy et une guitare très épurée. Vous trouverez d'ailleurs facilement la vidéo de ce titre sur le net.
Bref, de la variété ! Si je devais malgré tout ressortir une constante de cet album, ce serait la guitare d'Antymos Apostolis, petit joyaux de touché, d'imagination et de feeling. Mais j'avouerais tout de même ma légère déception devant ce vrai manque d'homogénéité, qui fait de "Iron Curtain" une sorte de compilation plutôt qu'un album de rock progressif. A noter d'ailleurs que le fait d'inscrire ce disque dans cette catégorie est plus du au passé du groupe qu'à la musique proposée en elle-même...