Douzième album, bientôt vingt cinq ans d’existence et plusieurs périodes bien distinctes. Du Thrash primaire violent et germanique des vertes premières heures est ressorti un « Pleasure To Kill » culte dont nos jeunôts contemporains black metalleux revendiquent encore les influences (oui le black thrashisant est ultra hype de nos jours). Des aspirations plus expérimentales ayant tout de même traînées le temps de 4 albums est ressorti… pas grand-chose. Du retour des années 2000 à un thrash metal direct et traditionnel est ressorti l’excellent petit dernier « Enemy Of God ». Suivirent quatre années écoulées à nous contenter du retour d’un des pères du Thrash Metal de notre jeunesse, et 2009 voit la sortie de ce « Hordes Of Chaos ».
A défaut de proposer un matériel séduisant sur le moment, la période expérimentale « Renewal […] Endorama » aura eu l’avantage de faire mûrir le groupe qui, fort de ces diverses expériences nous sera revenu avec un Thrash Metal à l’ancienne certes, mais toutefois moderne et un minimum sophistiqué. Kreator incorpora à son Thrash old school diverses composantes et une maturité qui l’empêcha de retomber dans la redite pure et simple. Le groupe colle au métal contemporain, évite les anachronismes sans jamais mettre en cause son intégrité artistique.
« Hordes Of Chaos » affiche un clair retour en arrière. Ce qui était cohérent, là ou la rage était toute naturelle pour un Kreator des années 80 jeune et vindicatif, parfois brouillon et maladroit, sonne carrément faux quand le groupe 20 ans après tente de sonner de la même façon que lors de ses balbutiements.
L’album sonne comme une répétition de vieux zicos tentant désespérément de reproduire ce qui fit leur renommé dans leur prime jeunesse mais avec une technologie moderne et un monde metalleux qui ont largement évolué depuis. Ce qui était naturel à l’époque ne l’est plus de nos jours. La rage confuse restituée du vieux matos des années 80 sonne ridicule quand on veut lui redonner vie en 2009. De ce fait, la production live de « Hordes of Chaos » n’a rien de spontanée, elle est juste mauvaise. Pour faire un parallèle avec les groupes Black qui pourrissent consciencieusement leurs productions pour obtenir un son old school et crasseux, ici, le son n’est ni l’un ni l’autre, il est juste faiblard.
Pour ce qui est des compositions, les morceaux inspirés et cohérents d’un « Enemy Of God » laissent place à une collection de riffs rapides à l’âme peu consistante. Or ça, c’était bon en 1980, quand Kreator était un groupe de gamins énervés, pas les musiciens confirmés que l’on connaît aujourd’hui. De là à ressentir un soupçon de fumisterie, il n’y a pas des kilomètres. Certes, il reste encore quelques vestiges de soli mélodiques bien balancés comme sur « Amok Run » mais voilà une bien mince consolation. Par ailleurs sur ce même titre, Mille s’essaie à une intro chantée complètement « cuitas les patatas », qui sonne digne d’un pilier de barre aux heures de fermeture.
Kreator tente de sonner haineux, corrosif et amer, mais personne n’y croit vraiment. Quelles plus belles illustrations que les refrains de « Radical Resistance » qui fait peine à entendre ou le quasi ridicule « Destroy What Destroys You » à s’arracher les cheveux. Irritant à souhait, on peine à croire que Petrozza vient de passer 25 ans derrière un micro... Il devrait ouvrir une assoc’ avec Cavalera, les « Petrolera » ou les vieux thrasheurs qui sonnent comme des pétrolettes.
Les quelques maigres points positifs qui viennent sauver les meubles et évitent ainsi la note catastrophique sont la deuxième partie du titre « To The Afterborn », bien speedé et au solo bien torché et le titre « Warcurse » qui charcle bien si on fait abstraction du son et du chant horripilant. Entre les défauts de forme et la durée de vie limitée d’un ensemble trop convenu et simpliste, cet album sera certainement pour moi une des déceptions de cette année encore bien jeune.