"What Doesn't Kill Me" est déjà le huitième album des hongrois de Ektomorf, groupe formé en 1993 mais qui ne s'est fait connaitre dans nos contrées que depuis l’album "Destroy" sorti en 2004. Il a pourtant sorti depuis 1996 pas moins de 4 disques essentiellement distribués dans son pays natal.
C’est donc "Destroy" qui a permis à Ektomorf de se faire un nom, aidé en cela par un contrat avec le géant allemand Nuclear Blast. Mais ce qui a fait aussi parler du groupe est sa forte ressemblance musicale avec les brésiliens de Soulfly tant dans la structure musicale des titres que dans les vocaux de Zoltán Farkas, très proches de Max Cavalera. Malgré de bons disques, le groupe n’a jamais réussi à se détacher de l’encombrante étiquette de clone, même si il n’a jamais vraiment non plus cherché à se démarquer des brésiliens. Après 3 albums studios et un live entre 2004 et 2006, le groupe a pris un long break pour ne revenir qu’en ce début d’année avec un nouvel album et un nouveau label plus modeste, AFM records.
On peut donc supposer que le groupe a cherché à trouver un nouveau souffle tant les critiques étaient virulentes vis-à-vis de sa musique et de ses influences. Mais malgré le temps écoulé, Ektomorf n’a pas radicalement fait varier sa formule musicale avec ce "What Doesn’t Kill Me" au titre fortement évocateur des soucis qu’il a pu rencontrer. Le groupe propose toujours un thrash métal très incisif avec pas mal d’influences core et néo métal. Et disons le tout net, cela sonne toujours aussi proche de ce que faisait Soulfly sur ses premiers albums.
Ektomorf a donc gardé le même format musical que sur ses précédents albums avec 13 titres très courts et rentre dedans. Le résultat, même si il est assez efficace, s’avère décevant tant on aurait espéré un changement de formule musicale ou au moins quelques évolutions plus flagrantes que les très rares présentées ici. Il ne fait plus de doute que le groupe excelle dans son genre : il a en effet un son excellent et puissant, des compositions bien calibrées ainsi qu’un très bon niveau musical. Tout cela le plaçant au dessus de la mêlée néo thrash métal, genre qui commence à tourner en rond depuis pas mal de temps. Mais au bout de tant de disques, on est en droit d’attendre plus que l’application d’une simple formule, surtout si celle-ci n’est pas personnelle.
En effet, dès "Rat War" qui ouvre le disque, le mimétisme avec Soulfly est une fois de plus flagrant. On retrouve le même genre de vocaux hurlés et revendicatifs sur des riffs simples et puissants entre thrash et hardcore avec une batterie bien en avant. Si cela s’avère assez efficace sur le début de l’album, au bout de plusieurs titres tous dans le même moule, l’ennui commence à s’installer franchement. L’album manque en effet cruellement de variations et il faut attendre le 9ème titre, "Sick of it All", pour avoir un peu de changement. Le titre composé avec les membres de Stuck Mojo mélange hip-hop et métal pour un résultat surprenant mais efficace. Hormis ce sursaut, la fin de l’album n’amène rien de transcendant, la recette hardcore néo thrash restant la même jusqu’au bout.
Au final, Ektomorf rate en grande partie son retour malgré une bonne volonté évidente et une technique musicale irréprochable. Ses influences ressortent encore trop largement et après autant d’années de carrière et de disques, c'est difficilement pardonnable. Ce "What Doesn't Kill Me" n’est donc à conseiller qu’aux ultra fans du groupe et aux fans des groupes cités en manque de sensations dans le genre.