A peine plus d’un an après son premier album solo sous le nom Agua De Annique, et avant une deuxième rondelle déjà attendue qui devra confirmer l’excellence de ce divin premier effort « Air », Anneke, ancienne chanteuse-reine des hollandais de The Gathering (faut-il le préciser ?) propose ce délicat intermède, « Pure Air ». Libre dans ses choix comme dans sa tête, sans calcul, la belle nous apporte donc cette offrande acoustique, forcément délicate mais pleine de surprises et de variété.
Inutile de préciser que ce contexte sied à merveille à la délicatesse innée de cette voix céleste qui ne se sent enfin plus obligée de tenir ses notes plus longtemps qu’un power-chord sous feedback, s’affranchissant ainsi d’un passé potentiellement encombrant. Plus proche que jamais de Dead Can Dance, All About Eve ou Wishing Tree.
La rondelle s’ouvre sur un splendide « The Blowers Daughter » (avec Danny Cavanagh d’Anathema siouplaît), taillé sur mesure, qui n’est autre que le magnifique morceau que Damien Rice avait offert à la BO de « Closer » (titre bien sûr aussi dispo sur son album « O » de 2003). Bouleversante interprétation d’une chanson qui l’est tout autant. Parfois, la musique, c’est si simple.
Rayon reprises, signalons la plus dispensable « Ironic » d’Alanis Morissette, chanson très sympa mais dont la version ici présente n’apporte ni particularité ni magie, « Come Wander With Me » (intouchable romance moyenâgeuse déjà présente sur « Air »), « The Power Of Love » (de Frankie Goes To Hollywood ! - guère captivante), « Somewhere » (de Within Temptation avec Sharon den Adel), le touchant « To Catch A Thief » (avec John Wetton – King Crimson, Asia…) ou l’entêtant et romantique « What’s The Reason » interprétée avec son auteur, Niels Geusebroek. Car la part belle est aussi faite aux collaborations et invités de marque.
Ainsi, même les titres de « Air », déjà originellement portés sur le dépouillement trouvent une nouvelle lecture digne d’intérêt, les trompettes funèbres de « Day After Yesterday » (ici synthétiques) se confrontent à l’organe de Marike Jager, « Beautiful One » s’enrichit de la voix du sus-cité Niels. Sans oublier le déjà classique « Yalin ».
A nouveau accompagné tout du long par la jolie guitare de Joris Dirks, ce profondément sympathique « Pure Air » au nom judicieux culmine même sur l’éternel « Valley Of The Queens » (extrait du conceptuel « Into The Electric Castle » de Ayreon sur lequel Anneke donnait déjà de la voix en 1998). Un morceau médiéval à la flûte enchanteresse porté par la guitare de Arjen Lucassen himself. A en regretter l’absence de l’aussi mémorable reprise de Dead Can Dance « In Power We Entrust the Love Advocated », présente en son temps sur le single de « Kevin’s Telescope ».
Un magnifique disque hautement recommandable pour réchauffer nos cœurs meurtris, au cœur de l’hiver. De la douceur, de la pureté, un bol d’air.