Arz est, du moins à ses débuts, le projet d'un seul homme, Steve Adams, de Portland (Oregon). Après certaines déceptions avec des groupes de rock, il travaille la guitare solo, fort d'une technique classique et jazz. Plus tard, diplômé de musique, il vit en enseignant et en se produisant dans de très diverses occasions. Mais il fut un jour pris d'une irrésistible envie de refaire du rock. C'est ainsi qu'il créa Arz, dont il était le seul membre. Arz serait un mélange de tout ce qu'il aime, classique, jazz, rock… du Rock Progressif en somme... Il sera rejoint plus tard, pour le quatrième opus d'Arz ("Solomon's Key"), par le batteur Merril Hale, mais en attendant, il fait tout.
2 titres un peu longs (respectivement 11 et 7 minutes) et 9 plutôt courts constituent cette entrée en matière qu'est "Serai". Et si Steve Adams veut nous montrer l'étendue de ses capacités de guitariste, il y parvient sans problème avec ce disque, véritable melting pot de ses goûts énoncés plus haut. Nous avons ici un album de 55 minutes entièrement instrumental.
"Jjinn" par exemple, qui débute à la manière de King Crimson période 'Discipline', contient à lui seul, des guitares électriques claires, saturées et classiques. Ces guitares seront servies tout au long de l'album. La longue pièce, "The Strange Experiment Of Dr. Trent", suite bien agencée de thèmes plutôt calmes, rappelle souvent Steve Hackett. Le son surtout nous transporte à l'époque de 'Spectral Mornings' et de 'The Wake' de IQ (album lui-même très influencé par Steve Hackett). Pour ceux qui aiment les harmonies qui ne dérangent pas, il y a chez Arz une forte propension à proposer des mélodies qui passent très bien, assez rapidement. Cela risque de limiter un peu la durée de vie du disque, mais ça a le mérite d'être agréable à l'écoute. Il en va ainsi pour tout cet album.
"Spindleshank", interprété à la guitare classique, va chercher ses influences chez Rodrigo, compositeur classique du 20ème siècle, voire Villa-Lobos. "Dandelion Wine", lui aussi joué à la guitare classique, est plus influencé par Steve Hackett ou Steve Howe. Quant à "Stomp", un Duo Guitare Classique-Batterie (programmée), il vaut le détour.
Chaque titre va ainsi nous emmener vers des univers différents, comme par exemple le bigarré "Serai", donnant le sentiment d'écouter un Mike Oldfield parfois hispanisant. Pas désagréable du tout. C'est plus loin David Gilmour, période premier album (en 1978) que vous aurez l'impression de reconnaître. Mais toutes ces influences ne sont pas écrasantes et restent donc à leur place: celle de l'inspiration. Arz a des choses à dire, une approche. Vous n'aurez pas ce sentiment désagréable d'entendre du sous-Hackett ou du sous-Gilmour, et c'est bien là l'important.
Un regret néanmoins à l'écoute de ce disque, la batterie, ou plutôt son absence. La batterie programmée, aussi bien programmée soit-elle, manque de swing, de personnalité. C'est le cas ici. Très bien travaillée par Steve Adams, la programmation reste moins intéressante que le travail d'un vrai batteur. Dommage qu'il ait fallu attendre 3 albums pour que Steve Adams change ce fait.
En conclusion, Arz plaira aux amateurs de guitare, sous toutes ses formes, ainsi qu'aux amateurs de rock progressif instrumental. Rien de très original, mais c'est agréable à petite dose. Avec une vraie batterie et une meilleure production, la note aurait été supérieure d'un point.