On peut être jeune et avoir des choses à dire ! En 1980, U2 était jeune, très jeune même. Ses jouets étaient ceux offerts par David Bowie, le rock anglais et le folk irlandais. Ecouter "Boy", c’est regarder un enfant vivre, s’amuser de ses jeux, de ces pas maladroits parfois, de son insouciance ou de son sérieux lorsqu’il veut bien faire.
U2 nous plonge dans un rock frais, jetant un pont entre punk et new-wave pour en extraire une pop juvénile et cristalline. Il déploie une belle énergie sur la plupart des titres, 'I Will Follow' en tête mais ce jusqu’en fin d’album et un 'Electric Co.' branché sur 1000 volts qui semble faire la course avec lui-même ! Ces deux morceaux ont aussi en commun de proposer en leur milieu un break plus doux. Alors bien sûr, les titres sont simples et se répètent un peu et on sent une filiation claire entre "Out Of Control" et "Stories For Boys" mais nous sommes sur un premier album.
Ce qui s’avère le plus surprenant c'est la profondeur des paroles. Ainsi, lorsque U2 choisit de laisser libre à ses rêveries, on obtient une perle telle 'An Cat Dubh', hypnotisante et magnétique, poursuivie par la quintessence même d’un rêve d’enfant ('Into the heart'), simple et non simpliste, tendre et épurée.
"Boy" n'est que le premier essai d'un jeune groupe qui se cherche encore mais le potentiel est bien là. The Edge ne sera jamais l’homme aux soli ébouriffants mais il sait déjà proposer un son clair et identifiable entre mille. Le chant de Bono est lui aussi clairement défini. Il apprendra toutefois à maîtriser son impulsivité, à poser ses intonations, à les moduler en douceur. Adam ne sera jamais l’homme de plusieurs notes, il sera celui de la note juste et rêvera de « Toujours jouer la même note, sur la même corde, indéfiniment », comme il l’avouera plus tard. Quant à l'effacé Larry, il sera le gage d’une rythmique sans faille, éclatante et généreuse, retenue et millimétrée.