Après dix années d'existence, quatrième tentative pour Unlight de passer de l'ombre à la lumière. Second couteau de la scène Black, c'est encore une fois en qualité d'espoir qu'on nous présente le groupe avec une jolie étiquette placardée sur le boîtier, "Germany's biggest Black Metal hopefull". D'un autre côté, on évaluera mieux ce statut d'outsider en connaissant le niveau pas forcément folichon de la scène black germanique. Le sticker n'omettra pas de glisser la petite caractéristique "hype" du moment, supposée peut-être booster les ventes "with a good portion of old school thrash metal". Le Black symphonique et sophistiqué, c'est pour les has been, il faut à présent taper dans le direct pour attirer le chaland. Et ce n'est pas Unlight qui dira le contraire, se passant depuis quelques temps des services de son claviériste.
Si vous avez passé les quinze dernières années au fond d'une grotte vêtu de peaux de bêtes, vous aurez de bonnes chances d'apprécier ce "Death Consecrates With Blood" aux rythmiques dans l'ensemble assez efficaces, au shriek classique et assez bien en place, bénéficiant d'une production répondant aux normes du black moderne, pas assez léchée pour sonner clean, assez audible pour ne pas être raw.
Par contre si vous avez traîné quelques années durant vos guêtres cloutées dans les discographies de Marduk, Immortal, Dimmu Borgir et toute la clique constituant la seconde vague de Black Metal scandinave jusqu'à en connaitre les moindre recoins, ce quatrième album de Unlight aura pour vous un goût désespérément fadasse et tiède. Car de Marduk, Unlight semble tirer la majeure partie de ses influences et reproduit à l'identique les schémas qui ont fait le succès du groupe suédois en balançant de surcroît ici et là des riffs thrashisants dont une partie de l'auditoire est si friande ces derniers temps. Prenez les meilleurs pointures de la scène scandinave du milieu des nineties, tirez-en quelques ingrédients de chaque, secouez et saupoudrez de l'épice à la mode à savoir les vieilles sonorités trashisantes. Ca a l'air simple. Ca l'est d'ailleurs. Ce n’est pas désagréable au goût. Mais ça n'apporte rien.
Plutôt que de s'évertuer à pomper allègrement les précurseurs d'un genre où tout a été dit et rabâché des années durant, là où les auditeurs ayant jeté leur dernier flacon de biactol depuis quelques années sont aptes à débiter intégralement le récital de tête, Unlight devrait consacrer moins de temps à ses corpsepaints et sa fun attitude à la Immortal, et tenter d'apporter une touche de personnalité à son travail qui, si il n'est pas mauvais, les laissera à ce niveau d'éternel espoir. Potentiel et savoir faire sont pourtant palpables, reste à présent aux membres de Unlight de savoir se magnifier si toutefois ils en ont la capacité, en passant outre ce que je pourrais - si j'étais mauvaise langue - qualifier quasiment de "cover band". Et mauvaise langue, je le suis.