Lors des interviews, à l’occasion de la sortie de ce second album de Kingdom Come intitulé « In Your Face », les compères de Lenny Wolf, le frontman du combo à la voix proche de celle de Plant, aimaient à plaisanter que ce titre avait été choisi pour faire un jeu de mot avec le nom du groupe. En effet, expliquaient ils, « lors de votre premier coup d’œil à la pochette, vous lisez Kingdom Come et lorsque vos yeux descendent, ils lisent « In Your Face » et s’en suivait une belle volée de rires bien gras et obscènes… « Kingdom Come…in your face » (« come » étant utilisé pour « cum ») risquant la censure, même pour ma 69ème chro, je ne traduirai pas et vous laisserai sortir votre dico bandes de chenapans.
« In Your Face » sortit en 1989, et, en ces temps troubles pour le Hard Rock Mélodique où les riffs marquants étaient aussi nombreux que les neurones de Paris Hilton, Kingdom Come créa THE riff. Les petits malins eurent la bonne idée de nous le mettre « dans notre face » en entrée d’album avec ce « Do You Like it » mémorable (ne manquez pas la très kitch vidéo de ce titre tout en bas de la chronique petits veinards) accrochant l’auditoire d’emblée afin de lui montrer qu’ils pouvaient sortir de leurs grattes d’autres sons que ceux proches de Led Zep qui leur avaient valu une volée de bois vert de la part des critiques de l’époque.
Du Dirigeable, Kingdom Come ne s’est pas complètement éloigné avec cet album tendance Hard FM (je pense à « The Wind », à « Perfect ‘O’ » et à « Mean Dirty Joe »), mais il est incontestable que la bande à Wolf a tenu compte des reproches qui lui avaient été faits, même si leur virulence a été en grande partie due au fait que leurs partisans les avaient présentés avant la sortie de leur premier album comme les dignes successeurs de Led Zep, ce qui, vous l’admettrez, est un effet d’annonce assez casse-gueule.
« In Your Face » fait donc dans le FM, et il le fait brillamment. Au-delà de l’énorme titre précité, cet opus est en effet blindé de tubes en puissance. Les jeunes gens enfilent les mélodies marquantes comme des perles, les guitares vous laissent pantois et la voix chaude et enjôleuse de Lenny vient compléter le tableau déjà fort réussi.
Alors, ne passez pas à côté de ce très bon disque et, après vous être repassé dix fois « Do You Like It » à en bousiller votre guitare en carton, vous succomberez au chaloupé « Who Do You Love » (mon Dieu cette attaque de guitare ! Quelle mélodie !), tomberez sous le joug du tubesque « Gotta Go » (en écoute à gauche de cette chronique), resterez les bras ballants à l’écoute de « Highway 6 », sa rupture phénoménale et son long solo à tomber, frôlerez l’infarctus avec le jeu des guitares sur le sensuel « Just Like a Wild Rose » (mais bon sang quel titre !) et resterez plantés là en dégustant l’excellent « Stargazer » qui clôture l’album de la plus marquante des façons.
Des mélodies comme s’il en pleuvait, des riffs mémorables, des guitares magnifiques, une voix exceptionnelle, voilà un album comme on aimerait en croiser plus souvent aujourd’hui. Sans aucune hésitation, je vous recommande ce brûlot de Hard Mélodique, il tiendra vos sens éveillés pendant longtemps et vous procurera à nouveau du plaisir à chaque écoute. Définitivement un must !