Nueit de Sabbat est le disque du grand retour des Occitans de Stille Volk. Le groupe n’avait en effet plus rien sorti depuis plus de cinq ans et l’album Maudat (2003). Le duo de musiciens avait en effet choisi à l’époque de privilégier la scène. Musicalement, le groupe propose une musique folk et acoustique, sans batterie ni instrument électrique…
Ce nouvel album suit la recette des deux précédents disques du groupe, proposant une musique d’influence médiévale et folk, pas très loin de l’esprit d’un TriYann. On y trouve un grand nombre d’instruments classiques et anciens, comme de la cornemuse, des flutes, des violons ou encore de la vielle. Les titres sont accompagnés par des paroles en français et en occitan qui nous plongent dans l’univers du groupe, emprunt de folklore pyrénéen et de paganisme.
A l’écoute du disque, l’impression de participer à un banquet médiéval où la boisson et la ripaille sont à l’honneur avec comme compagnons les esprits anciens qui peuplent les forêts, est vif. Ce sentiment est appuyé par le très bon « Banquet », dont le refrain est une incitation à l’enivrement ou par « Ivresse des dieux » qui invite à suivre les divinités lors de leurs festivités. Il se dégage aussi de cet album une atmosphère particulière, assez étrange, presque fantastique, comme si l’on était immergé dans un Sabbat.
On se sent en tout cas rapidement dans une autre époque et en tout cas loin des considérations modernes, Stille Volk excellant à recréer tout un univers assez onirique. Ce sentiment est relayé par des titres tour à tour très mélodiques et joyeux puis un peu plus sombres, portés par le chant très clair et expressif de Patrice Lafforgue. Ce dernier fait vivre ses paroles avec une rare conviction comme si les divinités anciennes s’exprimaient à travers lui. Cette vision est pleinement exprimée par quelques superbes titres dont l’excellent « Danse de la corne » qui ouvre le disque, petit bijou musical très mélodique et fort bien écrit.
Dans une veine plus sombre, on trouve aussi une belle suite de titres commencée par le très court « In taberna », chanté en occitan avec des chœurs graves et presque inquiétants, suivi des très bons « Forêt d’outre tombe » portée par un chant profond et une guitare acoustique enchanteresse et « Egerie nocturne », montrant une rare profondeur sur les paroles avec une mélodie douce et paradoxalement glaciale. Il faut enfin évoquer le titre éponyme qui conclut le disque de très bonne manière sur une douce mélodie qui rappelle un peu les fest-noz bretonne.
Stille Volk signe donc là un très beau retour en force avec une œuvre splendide et profondément inspirée et habitée. Ce Nueit de Sabbat est un très beau voyage dans le temps et dans la nature qui devrait dépayser n’importe quel amateur de belle musique.