Quatrième album déjà pour cette formation récente (2003), de heavy métal mélodique, mais à nouveau, des changements de line-up importants. Pour l’album précédent, nous avions eu droit à l’arrivée d’Apollo Papathanasio, chanteur au puissant organe. Il reste, mais ce sont le batteur, le bassiste, et aussi le claviériste qui sont remplacés. Exit le virtuose suédois Richard Andersson, mais ce n’est pas un inconnu qui fait l’interim aux touches blanches et noires car il s'agit de Tony Carey ! Et Tony Carey, outre sa responsabilité dans le sous-estimé Planet P Project, c’est pour les amateurs de métal mélodique, le claviériste de Rainbow sur l’album « Rising ». Pas mal !
Sur ses deux premiers disques, Evil Masquerade et son seul maître à bord, Henrik Flyman, s’étaient fait remarquer avec un métal mélodique aux déclinaisons théâtrales originales. « Third Act », paru il y a deux ans, laissait un peu de côté cet aspect pour se concentrer, avec un certain succès, sur la puissance et la mélodie, biens soutenues par le nouveau vocaliste. Il était donc intéressant de suivre leur évolution sur ce quatrième opus.
Et ça démarre très très fort, avec « Lights Out » et une intro guitare très inspirée de Deep Purple. Ou est-ce de Rainbow ? De Blackmore en tout cas. La suite est dense, du speed mélodique charnu, avec moult breaks, soli et vocaux variés. De beaux duels claviers-guitare, et puis une finale en crescendo mélodique imparable, remarquablement interprétée par Apollo. Jouissif ! À l’écoute de ce titre, sa voix semble avoir gagné encore en puissance. Et il va en exploiter à merveille les multiples possibilités tout au long de l’album. Avec cette progression, il rejoint sans aucun doute Patrik Johansson d’Astral Doors, dans le nouveau panthéon des vocalistes de heavy metal mélodique burné.
La suite ne comporte aucun moment faible. Chaque morceau possède le petit plus qui fait que l’on a envie d’y revenir et de multiplier les écoutes. Tour à tour, les claviers, la guitare, la voix ou les chœurs, nous varient le menu, de manière attendue ou non, mais toujours en prenant soin de nous garder en appétit. Et pendant ce temps, la section rythmique abat un boulot monstre avec une efficacité … diabolique.
Le style musical confirme donc celui développé sur « Third Act ». Si vous aimez Deep Purple (période "Perfect Strangers" ou Turner), Rainbow (période Dio et Bonnet) ou Black Sabbath (période Martin), ou encore les premiers Dio, vous devriez adorer ce « Fade To Black ». De plus, le groupe progresse dans tous les secteurs, que cela soit au niveau des compositions, de l’interprétation ou de la production. On sent un Flyman à pleine maturité, explorant ses aspects plus sombres et plus lourds. Cependant, pour ceux qui appréciaient particulièrement les tentatives d’incursion progressives et les touches théâtrales des deux premières livraisons, elles restent ici encore trop en filigrane.
Et c’est peut-être le seul regret à l’écoute de cet album. Un grand potentiel se fait sentir, mais se fait aussi désirer. Et pourtant, l’opportunité d’exploiter cette direction pour nous régaler encore plus et pour mieux se démarquer de ses bonnes influences devrait être saisie. Elle permettrait d'accentuer une personnalité forte, qui pourrait marquer le petit monde du heavy mélodique comme ont pu le faire ses illustres références. Deux titres semblent s’engager plus fermement dans cette voie: « Desire And Pain », qui renoue avec la fantaisie des premiers opus, et « I Believe In Sin ». Ce dernier est impressionnant de maîtrise et dégage une réelle émotion. Et puis que dire de l'envolée (ah cette voix et ces chœurs !) qui clôture ce titre ? Elle nous pousse à monter le volume, encore et encore, au point d’en oublier nos acouphènes. Superbe!
Avec « Fade To Black », Evil Masquerade se place dans le peloton de tête du Heavy Métal mélodique et nous livre un album en tout point recommandable, voire incontournable !