Et Metal Church continue son chemin, imperturbable... Le groupe (il s'appelait alors Schrapnel) balance depuis sa création en 1981 un heavy racé et puissant directement influencé par le thrash. Les modes évoluent, les styles aussi, mais tout cela a glissé sur le groupe qui propose en cette année 2008 un bon vieux heavy mélodique tout droit sorti des années 80.
Dès le premier morceau, ça attaque fort: gros riff, mais guitare mesurée. La puissance est plus dans la mélodie que dans les boutons de volume, et c'est tant mieux. L'album est parsemé d'accords incisifs et la pression ne retombe pas à ce niveau là. Le son n'est certes pas celui qu'il est habituel d'entendre en 2008 mais pour faire ce qu'ils font, il convient parfaitement. Malgré les racines thrash, la plupart des compositions sont mélodiques, avec même des passages faisant penser à Iron Maiden ("Monster", "Breathe Again"). L'arrivée de Rick Van Zandt à la guitare n'est peut-être pas étrangère à ce coté mélodique, le six-cordiste étant notamment inspiré par le blues. Les guitares savent en effet se montrer légères et mélodiques quand il le faut et hargneuses lorsque le ton monte.
Coté chant, Ronny Munroe nous gratifie là d'une belle performance. Sa voix pourra certes paraitre éraillée et manquer un poil de chaleur, mais il parvient tout de même dans les trois premiers titres à nous rappeler respectivement Lemmy, Ronnie James Dio, et Bruce Dickinson. Son chant apporte une certaine cohérence à l'ensemble tout comme une sorte de virilité inflexible qui rappelle que l'on est pas là pour raconter des contes féériques mais pour balancer du son et transpirer. Rien n'est fait dans la dentelle, ce qui n'empêche pas certaines composition d'être plus aventureuses, comme les huit minutes et demi de "Deeds of a Dead Soul".
Seulement, si tout cela peut séduire, il faut admettre qu'aujourd'hui, vivre dans le passé est dangereux. La démarche de Metal Church est certes louable, mais ils courent le risque qu'une image de nostalgiques s'ajoute à la relative linéarité de l'album. Cet opus ne marquera donc ni la musique ni la carrière de Metal Church, mais s'invitera facilement dans les platines des auditeurs en manque de riffs inspirés. C'est déjà ça.