L'année 1973 fut assez marquante pour Deep Purple. Suite aux tensions entre Ritchie Blackmore et Ian Gillan, ce dernier quitte le groupe. Il sera bientôt suivit par Roger Glover qui laisse ainsi le groupe sans bassiste ni chanteur. Le recrutement de Glenn Hughes en tant que bassiste/chanteur est sensé améliorer la situation, mais Blackmore n'aime pas la voix de Hughes, et c'est ainsi qu'est recruté un illustre inconnu : David Coverdale. Le groupe entre donc en studio à Montreux pour travailler sur leur huitième album studio en six ans. Ce sera "Burn".
Le son de Deep Purple n'a pas subi de modifications majeures suite aux départs de Gillan et Glover. Les morceaux sont identifiables immédiatement avec ce style carré et mélodique qui lui est bien connu. Blackmore est particulièrement reconnaissable avec des partie de guitares baroques et géniales qui parsèment l'album. Toutefois, quelques modifications sont forcément à noter. D'une part la basse de Glenn Hughes est différente de ce à quoi Roger Glover nous avait habitué. Là ou ce dernier avait des lignes rondes et fluides, le premier a un son plus claquant et rythmique et un jeu moins aventureux. D'autre part les vocaux sont gérés différemment. La présence de Hughes comme choriste permet d'ajouter des chœurs qui mettent efficacement en valeur certains refrains ("Burn"). Coverdale n'a quant à lui pas à souffrir de la comparaison avec Gillan car il possède un chant puissant et éraillé qui conviendra parfaitement au son de Deep Purple.
Mais l'avantage de ce changement de personnel se ressent surtout au niveau des compositions. En effet, un véritable sang neuf est apporté à un groupe qui menaçait de s'auto-parodier. Coverdale est crédité sur sept des huit morceaux de l'album et Hughes, contrairement à ce qu'indique la pochette, est également impliqué dans la composition. Le résultat, ce sont des morceaux inspirés et variés. Que ce soient le jouissif "Burn" et ses délires de claviers qui retombent sur un riff assassin, les harmonies vocales de "Lay Down, Stay Down" ou le rythme free-jazz de "You Fool No One", cet album regorge de passages enthousiasmants. John Lord délaisse un peu son éternel son d'orgue pour d'autre sonorités plus modernes, et pour tenter des interventions au piano ("What's Going On Here") dans l'ensemble assez réussies.
"Burn" possède donc tous les atouts d'un excellent album. Dommage que le son soit assez brouillon dans l'ensemble, et en particulier la batterie de Ian Paice, trop encombrante (la comparaison avec "In Rock" est édifiante). La voix de Coverdale pourrait également être mieux exploitée. Sans ces petits défauts qu'il est difficile d'ignorer, cet album aurait été parfait ! Malgré cela, "Burn" reste un très bon album de Deep Purple et un incontournable du Hard Rock.