Cet album éponyme, également connu sous le nom de « L’Elite », est le premier du leader incontesté de la scène Hard Française. En cette année 1979, Trust déboule avec cet opus en forme de claque dans la figure. Si l’on fait abstraction de la vague des précurseurs que furent Ganafoul et Ocean en France, ACDC et Judas Priest au niveau international, Trust a en 1979 plusieurs longueurs d’avance sur ses concurrents. En effet, la vague Hard française n’explosera qu’en 1983, et la NWOBHM en est alors à ses balbutiements : Saxon sort son premier album la même année et il faudra attendre encore un an avant qu’Iron Maiden ne les imitent.
Le disque est enregistré en 15 jours au Scorpio Sound Studio de Londres. Et bien que le son soit très clair et très tranchant, le groupe est assimilé un peu hâtivement à la scène Punk. La raison est plus à chercher dans le look de Bernie (cheveux courts) et dans des paroles abordant des sujets de société comme les hôpitaux psychiatriques avec « H & D », le monde du salariat avec « Bosser 8 Heures », le maintient de l’ordre avec « Police Milice », etc., que dans le style de musique pratiqué. Parce qu’à ce niveau là, Trust frappe très fort et ne laisse aucun doute planer sur son style de prédilection, à savoir un Heavy Métal des plus féroces et des plus efficaces.
Au coté des incontournables que sont « L’Elite » et « Préfabriqués », l’album regorge de titres qui sont désormais des classiques (« Bosser 8 Heures », « Palace », « Police Milice », Toujours Pas Une Tune »). Le son « Trust » est déjà en place : clarté des guitares et du chant, soli assassins, sens de la mélodie, variétés des styles. On passe ainsi des très bluesy « Ride On » et « Le Matteur » aux très Heavy « L’Elite » et « Préfabriqués » en passant pas le groovy « Palace » sans que cela nuise à la cohésion du disque, bien au contraire. Cet album qui est pourtant l’un des plus violents de Trust, n’en parait que plus digeste. L’utilisation de piano, de minimoog et de saxophone y est certainement pour beaucoup. Bernie possède déjà cette hargne vocale et cette qualité de diction qui transcenderont « Répression », l’album suivant. Cette voix lui permet de renforcer encore plus le coté corrosif de certains de ses textes.
Peu de points faibles dans cet album, si ce n’est peut être la reprise du « Ride On » d’AC/DC (album « Dirty Deeds Done Dirt Cheap ») qui n’apporte pas grand-chose au regard de l’original. Trust n’est pas encore à son meilleur niveau, mais pour un premier album, le groupe frappe très, très fort.
Titres à écouter en priorité : « L’Elite », « Préfabriqués », « H & D »