Après un premier opus hésitant, Saxon vient d’enchaîner 3 albums qui se sont imposés comme des classiques de la 'NWOBHM', style dans lequel le quintet semble se positionner comme un des leaders incontournables. Après de nombreuses tournées intensives et un changement de batteur, voyant Nigel Glockler prendre place derrière les fûts en remplacement de Pete Gill, la bande de Biff Byford décide d’offrir un témoignage discographique de ses légendaires prestations scéniques. Malgré le refus de sa maison de disque de sortir cet album sous un format double, Saxon dégaine cependant un must du genre et un témoignage inoubliable de ses heures de gloire.
En effet, le quintet déplaçait les foules à cette époque où le hard-rock écrivait ses lettres de noblesse, d’autant que ses concerts étaient, et sont toujours, d’une qualité supérieure. Biff Byford s’impose comme un frontman charismatique. Il tient le public dans sa main et en fait ce qu’il veut. Après l’avoir accroché à grands coups de sifflets ("Motorcycle Man", "20.000 Ft ") ou d’humour hâbleur ("Strong Arm Of The Law", " Heavy Metal Thunder"), il s’amuse à le faire chanter sur un "Wheels Of Steel" de légende. La paire Quinn – Oliver nous mitraille de riffs et de soli tranchants et irrésistibles sur toute la durée des 10 titres présentés, nous achevant sous les rafales de l’enchaînement final constitué de "Fire In The Sky" et du bien-nommé "Machine Gun". Quant à la section rythmique, elle se retrouve boostée par le nouvel arrivant. Nigel Glockler marie dynamisme et puissance à grands coups de double-pédales meurtrières. Enfin, Steve Dawson, bassiste au manche fleuri (c’est bien de son manche…de basse que nous parlons !), assure ses parties avec discrétion et efficacité.
La production est d’époque mais reste de qualité, retranscrivant parfaitement l’énergie et la spontanéité du combo britannique. Nous avons même droit à quelques petits larsens sur "Princess Of The Night", ce qui n’enlève rien à l’efficacité de l’enchaînement des 3 premiers titres. Le groupe aligne les tubes incontournables de son répertoire avec puissance et tonicité, et la présence sonore du public traduit parfaitement l’ambiance irrésistible créée par Biff et sa bande. Tout juste regretterons nous l’absence de titres incontournables probablement écartés de la liste finale en raison du format simple de l’album. Il faut dire que le tout aurait eu encore plus de gueule avec des morceaux tels que "Suzie Hold On", "To Hell And Back Again", "Dallas 1PM", "And The Band Played On" ou "Denim And Leather" ! Il y a vraiment des fois où les maisons de disques n’ont pas conscience de la frustration qu’elles imposent !
"The Eagle Has Landed" n’en est pas moins un live incontournable du metal mélodique, et en particulier de cette période bénie des années 80. Rien ne semble devoir empêcher l’accession du groupe aux sommets du rock et ce dernier paraît promis à un avenir rayonnant. Malheureusement, quelques choix artistiques peu judicieux et un paysage musical poussant le hard-rock sur les bas-côtés pendant quelques années viendront contrarier une destinée que Saxon aurait pourtant 1.000 fois mérité. Ceci ne nous empêchera pas de déguster ce monument de l’histoire du rock, au sens large et noble du terme, à sa juste valeur.