Deuxième album des Autrichiens mentalement divergents, « Been Caught Buttering » est sans aucun doute encore aujourd’hui le plus abouti de Pungent Stench. 1991, année où le Death Floridien bat son plein, Scott Burns le producteur alors en pleine effervescence nous envois par delà l’atlantique moultes galettes au son sous cellophane. Affinant son style et son son, Death et surtout le grand Chuck Schuldiner a su apporter sa touche personnelle en co-produisant « Human » et évitant certainement à Burns de tout saloper à nouveau comme sur « Spiritual Healing ». Les pointures du Death Metal européen lèchent un peu plus leurs productions et leurs compositions, que ce soit Pestilence et le finalement très propre « Testimony of the Ancients » ou Carcass et le froidement médicalisé « Necroticism – Descanting the Insalubrious ».
De toutes ces convergences, les Pungent s’en tamponnent comme de leur premier slip de couleur et nous envoient une production bien cradasse, certes moins caverneuse que sur le précédent « For God Your Soul... For Me Your Flesh », mais à la gratte sous produite, nasillarde dans les soli, rythmée par une claire qui n’en n’a plus grand-chose (de clair) et une charley irritante. N’essayez pas d’avaler votre salive, l’effet de dépressurisation n’est autre que la volonté de nos tortionnaires.
Si jamais les hautes sphères le permettent, la pochette que vous voyez a bien évidemment été l’objet de polémique tout comme celle de « For God… », il s’agit cette fois encore d’une œuvre de Joel-Peter Witkin, artiste photographe ayant eu entre autre la particularité de mettre en scène de véritables parties de cadavres humains ou autres personnages atteint de difformités, ici deux têtes de vieillards s’en roulant une. N'hésitez pas à visionner une partie de l'oeuvre de Witkin via le lien figurant sous cette chronique. Witkin sied parfaitement à cette folie douce et glauque parcourant les membres de Pungent, Shirenc en tête, à l’humour noir et à l’esprit décalé particulièrement développés, qui nous offre tout du long ses vomissures vocales, imageant des textes aux thèmes aussi frais que les maladies vénériennes, les malformations physiques, le cannibalisme ou autre nécrophilie.
Musicalement, « Been Caught Buttering » est sans aucun doute l’un des albums figurant dans la vaste mouvance "Death Metal et assimilés" les plus accrocheurs qu’il soit. Beaucoup de diversité a une époque ou une linéarité certaine était encore très fréquente, surtout dans les groupes de seconde zone. Seconde zone dont ne sortira a vrai dire jamais Pungent Stench, peut-être victime de son excentricité et de sa propension au contre courant. Son « je m’en foutisme » n’y est sûrement pas étranger non plus. Paradoxalement avec cette impression de non chalance, et presque avec morgue, Pungent nous affuble tout du long de titres inspirés qui bottent le cul de tous ces groupes de Death actuels s’autoproclamant groovy. Des années avant qu’on annonce ce style en tête de gondole, comme la nouveauté à ne pas rater (cela fait quelques années maintenant) et bien Pungent en avait fait le tour et torché l’affaire avec « Been Caught Buttering ».
Pungent Stench est alors bien loin de la course à l’armement d’une scène Death Metal qui se veut alors toujours plus puissante, plus rapide, plus technique, plus surproduite et aurait pu être, ou tout du moins a été un court moment, avec notamment leurs compatriotes (bien frappés eux aussi) de Disharmonic Orchestra, l’alternative d’une vague à l’uniformisation galopante.
Le milieu de l’album accuse quand même un léger coup de mou avec des titres un petit niveau en dessous comme « S.M.A.S.H. » et « Brainpan Blues ». Par contre difficile de résister aux accrocheurs « Shrunken And Mummified Bitch » ou « Sputter Supper », morceau le plus direct de l’album. Lentement nous enlisent les très doomies « And Only Hunger Remains » et « Games Of Humiliation » disposant d’une fin ovniesque ultra bizarre à la gratte sèche, pleine de second degré et surplombée des éructations d’un Shirenc qui s’affaire à on ne sait trop quoi mais qui a l’air content de lui à en croire ce « It’s heavyyy… ». Les deux derniers titres sont quand à eux des petits bijoux : « Sick Bizarre Defaced Creation » et ses curiosités comme son slapping bancale ou son solo wah wah, puis pour finir l’angoissant « Splatterday Night Fever » (humour toujours) et son refrain écrasant doublé de cette petite mélodie entêtante.
Définitivement une réussite que ce « Been Caught Buttering » qui laisse un arrière goût dans la bouche, les morceaux de notre couple de vieillards ne me contrediront pas. Pour les collectionneurs, une édition picture disc limitée à 2000 exemplaire vit le jour à l’époque. Par ailleurs, la réédition de 2001 comprend 2 bonus tracks qui viennent s’ajouter aux 9 pistes de l’original. Ci dessous la video sanglante de "Shrunken and Mummified Bitch" à l'amateurisme délicieux, où le sérieux des trois viennois qui se trémoussent est facilement évaluable!