27 ans après le légendaire « In For The Count », c’est avec surprise que nous découvrons un nouvel album des américains de Balance. Intitulé « Equilibrium », cet opus soulève à la fois curiosité et interrogations. Qu’est ce que Peppy Castro, Doug Katsaros et Bob Kulick vont bien pouvoir nous proposer après tant d’années d’absence, et quel est l’intérêt d’une telle reformation ? Car s’il est possible de capitaliser sur une réputation en refaisant surface dans un style musical qui semble reprendre des couleurs (sauf en France, bien sûr !), il existe également un risque de ternir sa réputation en ne soutenant pas la comparaison avec les piliers du genre.
Et c’est malheureusement ce qui arrive à Balance. Car si le début d’album est efficace et entraînant, le quatuor semble être resté en hibernation pendant un quart de siècle et ne pas avoir été mis au courant des évolutions techniques et musicales ayant eu lieu durant cette période. « Equilibrium » semble reprendre les choses exactement là où « In For The Count » les avait laissées. Le problème, c’est que tout semble daté, que ce soit le son ou les compositions. Le meilleur exemple vient des claviers de Doug Katsaros qui frôlent parfois le ridicule. Non pas que le bonhomme ne sache plus jouer car il nous gratifie de quelques soli de premier ordre d’un point de vue technique (« What Have U Done »). Le problème vient d’un son de vieil orgue Bontempi qui prêterait à sourire s’il ne venait pas d’un groupe de cette trempe et s’il ne se renouvelait pas si souvent (« What Have U Done », « Walk Away » ou « Forever »). Tant que nous sommes dans le son, nous signalerons également un mix à la ramasse, mettant la voix pourtant fatiguée de Peppy Castro en avant et, au contraire, reléguant la guitare de Bob Kulick aux fins fonds d’une grotte sonore dans laquelle claque une batterie trop sèche.
Le guitariste chauve a beau enchaîner les descentes de manche, il semble désespérément à part du groupe, donnant l’impression de faire une démonstration dans son coin. De son côté, Peppy Castro n’a plus rien à voir avec le chanteur des années 80. Si sa voix garde un peu de chaleur, elle manque cruellement de puissance et frôle régulièrement la sortie de route (« Old Friends », « Crazy Little Suzy »), et ces problèmes ne risquent pas de passer inaperçus étant donnée la place de choix accordée au chant dans la production. Heureusement, les chœurs viennent régulièrement à sa rescousse et sont d’une qualité respectable, même s’ils restent eux aussi très ancrés dans les années 80. Nous avons même droit à une tentative Queenienne sur « Where The Rainbow Ends », mais ce titre reste trop brouillon pour pouvoir décoller.
Vous l’aurez compris, Balance manque son retour dans les grandes largeurs et « Equilibrium » est une véritable déception. Quelques titres surnagent comme les dynamiques « Twist Of Fate » et « Breathe » placés en début d’album pour faire illusion, ou un « Winner Takes All » aux légères variations de tempo sur lequel Peppy Castro offre sa meilleure prestation de l’album. Cela fait trop peu pour sauver ce retour du naufrage, car même si aucun titre n’est vraiment mauvais (en dehors d’un « Crazy Little Suzy » frôlant le ridicule), les morceaux restant sont également loin d’être vraiment bons et font plutôt office de remplissage. Si vous êtes fans des deux premiers albums de Balance, nous vous conseillons donc d’éviter « Equilibrium » et de rester sur les bons souvenirs que vous avez de ce groupe.