On ne présente plus Satellite, groupe phare du mouvement néo-progressif polonais, qui nous a servi depuis 2002 trois excellents opus. De fait, l'arrivée d'un nouvel album de Satellite provoque chez l'amateur une joie mêlée de crainte. La joie anticipée d'un festin musical que l'on espère savoureux et la crainte que les artistes s'enferment dans une facile exploitation répétitive des poncifs du genre. La réponse à cette question n'est pas dans le vent, mais dans l'écoute ...
La première plage de l'album, Every desert got its ocean, débute dans un style symphonique et des sonorités qui rappellent Collage. Tout y est pour faire penser à la formation "proto-satellite", les plages de synthé riches en harmonies, les envolées de guitares aériennes et même le phrasé du chant. Cette belle ambiance nostalgique se retrouve dans Repaint the sky, Afraid of what we say et I want you to know et sa mélodique intro au piano, offrant à l'auditeur une plongée dans un passé pas si lointain pendant les 33 minutes des 4 premiers titres.
Avec Over horizon le style change sensiblement. Des percussions aux sonorités africaines introduisent cette composition et la soutiennent tout au long des ses 8 minutes. Le refrain révèle une voix et une construction plus rock que progressifs. Mais, à être un peu déroutant, ce titre n'en garde pas moins une coloration très Satellite. Ce qui n'est plus tout à fait le cas pour Am I losing touch ? dont le tout le premier tiers, très planant, flirte avec les slows des années 70, avec une guitare aux senteurs de Beatles. Après un break sur fond de guitare ronflante et chant agressif avec voix éraillée, le titre s'envole vers un style plus néo cher au groupe, bien que ponctué çà et là de digressions musicales déroutantes.
Il m'aura fallu plusieurs écoutes pour apprécier Am I losing touch ? qui fait tâche dans l'univers de cet album. Mais ce n'est pas une tâche disgracieuse, plutôt une zone autrement colorée qui tranche sur l'ambiance 'collagienne' générale. Ce n'est pas Is it over, l'ultime plage de ce "Nostalgia", qui contredira mon affirmation sur cette ambiance car on y retrouve, sur un rythme lent de ballade, toutes les harmonies symphoniques, les sonorités et le chant qui font que la musique de Satellite est reconnaissable dès les premiers accords. A noter sur ce dernier titre, après la quatrième minutes, l'intervention d'une guitare dont le toucher se promène entre ceux de Carlos Santana et d'Andy Latimer.
La note attribuée à cet album a mis longtemps à se stabiliser, car au fil des écoutes, mon impression variait entre le 'très bon, mais ...' et le 'excellent car ...'. Nul doute que chacun modulera cette appréciation à l'aune de sa sensibilité du moment et j'en connais un qui m'a affirmé que "Nostalgia" était, à ce jour, le meilleur opus de Satellite.