6 ans après son départ d’Aerosmith avec pertes et fracas, Joe Perry est de retour au sein de son groupe que Steven Tyler a porté sur ses épaules durant son absence. Et pour que le tableau soit parfait, il ramène l’indispensable Brad Whitford dans ses valises. Voici donc le monstre de nouveau debout sur ses 5 pattes et avec ses deux leaders désintoxiqués et réconciliés.
Et comme un symbole, l’album de la reformation s’ouvre sur un « Let The Music Do The Talking » symbolique puisque étant le premier titre enregistré par Joe Perry lors de son escapade solo. Retravaillé par le groupe, ce morceau entraînant et doté de parties de slide incendiaires, entamerait ce « Done With Mirrors » à la perfection si la production de Ted Templeman ne tapait complètement à côté de son sujet. Plate et sans relief, elle aseptise complètement le son Aerosmith, avec pour couronner le tout, une réverbe ridicule sur la batterie. Et comme la suite des titres n’est pas toujours d’un niveau digne du quintet de Boston, cet album tourne vite à la déception. Il y a bien quelques sursauts tels que le heavy-blues de « She’s On Fire » ou le rock’n’roll enflammé d’un « The Hop » renforcé par un duel guitare – harmonica du meilleur effet, mais l’ensemble n’arrive jamais à réellement décoller à l’image du poussif « Shame On You » ou d’un « The Reason A Dog » en pilotage automatique sur plusieurs passages.
Entendons-nous bien, en dehors de la production hors-jeu, l’ensemble reste d’un niveau qui serait très acceptable pour de nombreux groupes. Mais Aerosmith n’est pas n’importe quel groupe, et lorsque l’on a un statut tel que celui de la légende US, un album comme celui-ci fait un peu tâche dans le paysage. Et s’il peut s’écouter sans trop de problème à l’occasion, il ne soutient pas la comparaison avec la plupart des autres opus du quintet. Il n’empêche que Steven Tyler offre encore une prestation inattaquable et que la section rythmique assure encore le boulot avec talent. Quant à la paire Perry – Whitford, elle prouve qu’elle est la seule et unique paire de guitaristes de ce combo.
« Done With Mirrors » représente tout de même une étape importante dans l’histoire d’Aerosmith. En dehors du retour des fils prodigues, il est également le laboratoire des nouvelles orientations que prendra le groupe pour la suite de sa carrière. Par contre, si vous avez décidé de vous constituer l’intégral des œuvres du groupe (il serait temps !), c’est bien le dernier album que nous vous conseillerons de vous procurer, même si nous serions curieux d’entendre ce qu’il pourrait donné avec un remastering digne de ce nom car les bases sont tout de même des plus saines.