Il y a la puberté pour les adolescents, le premier jour de classe pour les étudiants, la trentaine pour les femmes (puis la quarantaine, la cinquantaine, la soix… !), la première pillule de Viagra chez l’homme, et pour les groupes : il y a le 2e album ! Vous l’aurez compris, cette seconde production est un pic, un roc, un cap… Et quelque fut la qualité de la première offrande, il faut soit faire mieux pour ne pas disparaître à jamais, soit faire mieux pour montrer que le début n’était pas la fin. L’arbre des possibles a donc les branches sérieusement élaguées !
Pour WASP, pardon pour Blackie Lawless qui a déjà viré son premier batteur et qui s’apprêtait à griller son premier guitariste ( ! ), le défi s’annonçait d’autant plus complexe qu’il entrait dans la seconde catégorie : celle des malheureux ayant déjà beaucoup montré sur le premier jet. De fait, là encore les choix sont restreints : reprendre la même recette ou innover radicalement en courant le risque de perdre les quelques fans durement glanés. Blackie n’ayant un problème de constance qu’avec ses musiciens, il choisit donc de poursuivre la voie déjà tracée.
Mais attention, s’il n’y a pas de révolution dans le style de WASP, il serait incorrect de dire qu’il n’y a pas d’évolution. En effet, les morceaux se sont légèrement allongés, gagnant en profondeur, sans perdre leur caractère accrocheur. « Wild Child » qui ouvre l’album prend donc le temps d’une petite introduction et s’avère beaucoup plus mid-tempo que ses prédécesseurs. La voix de Blackie est toujours aussi exceptionnelle, alternant un style éraillé grave et des aigus parfaitement maîtrisés sur des « I want you » imparables. Des échos, quelques chœurs sont venus se greffer sur la toile, ainsi que quelques éléments bruitistes lors du pont où la batterie prend un lead basique mais efficace. On est loin encore des structures alambiquées et conceptuelles qui suivront, mais l’effort est louable.
D’ailleurs mis à part un « Widowmaker » faisant figure de power ballade, la plupart des titres restent des hymnes immédiats parfaitement menés. Les soli prennent un peu plus de temps pour se développer et quelques éléments supplémentaires apparaissent, comme le son de cette trieuse pour billets et un speech radiophoniques sur « Fistul Of Diamonds », mais l’ensemble reste très proche du Heavy Metal classique. « Ballcrusher », « Jack Action », « Cries In The Night », « The Last Command » et les autres déboulent sans se poser de questions et ont exactement l’effet escompté : un bon shoot d’énergie brute !
Reste un titre un peu à part dans le lot : « Blind Texas ». A part, car il deviendra l’un des hits du groupe en live, ce qui se comprend tout à fait : riffs d’enfer, soli inspirés, refrain appuyé par des chœurs puissants, gravé à vie dans votre mémoire, une recette éprouvée mais terriblement efficace !
Alors y aura-t-il un 3e album ? On ne pouvait que l’espérer à l’écoute de celui-ci ! Tous les éléments caractéristiques du groupe avaient été repris en évoluant vers un peu plus de maîtrise et de qualité. La voix de Blackie par exemple était en passe de devenir l’une des plus ahurissantes du Heavy, toujours rageuse et sensuelle, mais déjà plus mûre techniquement. Même s’il ne bénéficie plus de l’effet de surprise de l’album éponyme, The Last Command reste l’un des meilleurs brûlots de WASP, un excellent produit Heavy et la belle preuve qu’un deuxième album peut faire office de confirmation.