Contrairement à ce que son patronyme pourrait laisser penser, House Of Lords n’est pas un groupe britannique, mais ce qu’il est coutume d’appeler un super-groupe en provenance des Etats-Unis. En effet, la carte de visite de plusieurs de ses membres prouve que nous n’avons pas à faire ici à une bande de débutants. James Christian, vocaliste de son état, a déjà fait ses armes au sein de Jesper Wrath et Eyes. Le batteur Ken Mary est connu pour avoir joué avec un certain Alice Cooper, mais aussi au sein de TKO, Bonfire et Chastain. Quant au bassiste Chuck Wright, il a joué au sein de Quiet Riot et Giuffria, groupe d’où vient également le talentueux guitariste Lanny Cordola et, bien évidemment, le clavier et leader Gregg Giuffria. Ce genre de réunion donne rarement un résultat passant inaperçu, mais la réussite n’est pas toujours au bout de ces collaborations débouchant parfois sur des déceptions à la hauteur du pedigree de ses membres.
Mettons fin à toute spéculation car House Of Lords et son album éponyme sont un véritable régal pour tous les amateurs de Hard FM mélodique et ambitieux. De l’intro grandiloquente de « Pleasure Palace » à la ballade « Jealous Heart », cet album ne souffre d’aucun temps mort, ni d’aucune faiblesse. Chaque musicien y est excellent. James Christian nous offre une prestation de haute volée, à la fois chaude et puissante, rappelant parfois David Coverdale dans ses intonations. Les claviers de Gregg Giuffria sont omniprésents sans jamais être étouffants. Ce dernier est aussi bien capable d’apporter de la puissance à certains titres (« Hearts Of The World », « Call My Name »), que d’offrir des ambiances plus aériennes comme Dare en propose également (« Under Blue Skies »), voir de nous sortir le piano bastringue (« Lookin’ For Strange »).
Lanny Cordola sort parfaitement son épingle du jeu, même si il n’a visiblement pas la priorité sur les claviers. Malgré tout, il est capable de dégainer des soli d’une efficacité incontestable, et sait apporter des touches personnelles qui renforcent l’identité de certains titres comme son intro acoustique hispanisante sur la power ballade « Jealous Heart ». Son délire avec la basse de Chuck Wright en fin du solo du rock’n’roll « Lookin’ For Strange », ou avec la batterie de Ken Mary sur l’intro de « Slip Of The Tongue » sont également hyper accrocheurs, en même temps qu’ils renforcent l’intérêt pour une section rythmique de haute volée.
Les tempos et les ambiances sont variés, ce qui n’offre aucun temps mort à l’enchaînement de 10 titres ayant tous le potentiel de devenir des hits en puissance. L’exercice de la power-ballade est réussit haut la main, que cela soit avec un « Love Don’t Lie » calibré pour les radios US ou avec « Jealous Heart ». A l’opposé, les rock’n’roll sont irrésistibles et dégagent une bonne humeur qui n’a d’égal que le niveau technique des musiciens. Enfin, le Hard FM peut se faire puissant (« Pleasure Palace »), mais peut également se transformer en hymnes taillés pour la scène (« I Wanna Be Loved », voir utiliser des structures à tiroirs (« Edge Of Your Life »).
House Of Lords nous offre donc un album référence de Hard FM mélodique, alliant à la fois une variété des styles abordés et une identité forte et surprenante pour un premier album, d’autant plus lorsqu’il est offert par une telle brochette de fortes personnalités. Comme l’organe politique anglais auquel son nom se réfère, House Of Lords s’installe d’entrée dans la chambre haute du parlement du Hard FM.