Il y a des disques qui donnent la pêche. Prenez par exemple Transcend, le dernier opus des Canadiens de Dream Aria : vous y retrouverez le même plaisir communicatif que dans le Silence d’ACT, le Trust de Saga ou le plus confidentiel Gzarnica Czerni i Bieli de Svan. Des musiciens en phase sur des titres assez simples et très bien arrangés, à la frange du progressif, s’appuyant sur une technique sans faille et faisant partager leur bonheur de jouer ensemble.
La distribution est dominée par la voix autoritaire (et néanmoins féminine) d’Ann Burstyn, au timbre assez proche d’Agnieszka Swita (She) . Cette proximité renvoie naturellement à certains titres du sieur Nolan, que ce soit dans She ou avec Oliver Wakeman (Serpent Nile, Tigress). Les origines lyriques d’Ann sont très perceptibles sur Flower Duet , habilement conduit. Les autres musiciens utilisent une large palette sonore, passant des ambiances intimistes au regsitre plus tendu, sans que les ryhtmiques ne deviennent trop envahissantes. L’auditeur relève ici une belle ligne de basse (Compassion, Pandora’s Box), là une solide présence de la batterie (Transcend) , un joli lancement de solo de guitare (The Secret, Labyrinth), et des claviers soignés en permanence, le tout servi par une production impeccable.
Tous les élements paraissent donc réunis pour un album de haute volée. Il n’aura pourtant pas échappé au lecteur que la note n’atteint pas ces sommets. C’est que, dans sa recherche d’efficacité, du refus des digressions inutiles, Transcend reste un assemblage de titres courts : pas de développements instrumentaux alambiqués, pas d’envolées complexes, en somme une ambition de composition en deçà de ce que pourraient nous livrer ces musiciens aguerris: les soli dépassent rarement la durée d'un simple pont musical. Mon vieux réflexe de progueux-amoureux-des-compositions-à-tiroir pénalise donc légèrement cet album sur la note, mais il faut souligner un plaisir d’écoute permanent à l’audition de ce trop court opus (moins de 42 minutes).