G.Nova cache derrière ce nom énigmatique quatre français réunis autour d'une passion commune pour la culture manga ainsi que les bandes sons des films d'animation japonais d'une part et d'une manière générale pour les bandes originales de films. Et c'est sous des pseudonymes empruntés à l'univers nippon, que le quatuor sort "L'Ecorce Sensible", premier effort de presque une heure, premier billet de première classe pour un vol vers les contrées fort éloignées.
L'Ecorce Sensible peut s'écouter comme une musique d'ambiance propice à la méditation, se savourer comme une bande originale dont la trame, en partie esquissée par les auteurs, en partie imaginée à votre guise selon vos sensations, se fera ressentir comme un poème symphonique aux accents tantôt post-rock, tantôt empreints d'un certain folklore. C'est comme un libre cours à l'imagination, une base à la création d'un univers personnel que devra être appréhendée cette œuvre vivante.
A l'instar des musiques accompagnant les films muets du début du siècle dernier, ces huit décors auditifs ne racontent pas par eux même une histoire qui de toute façon n'existe pas réellement, ils ne font que suivre, ils amplifient une émotion d'une scène imaginaire dont les agréments sont à la charge de l'auditeur, de son aptitude à créer au fil des titres des paysages virtuels différents.
L'Ecorce Sensible est ainsi un voyage tout autant qu'un vaisseau voguant au gré de l'état d'esprit de chacun, le contenant et le contenu d'une expérimentation entièrement instrumentale aux multiples facettes emmenée par Kasumi, compositeur et guitariste, dont les plus longs périples ("Floraison Boréale", "Le voyage des Kodamas") pourraient rappeler la nébulosité du post-rock montant crescendo en puissance de leurs confrères de Kwoon, alors que "Yuubae" s'ancre au contraire dans une tradition plus ancienne, juxtaposant les sonorités ancestrales aux rythmes modernes des basses, guitares et percussions.
G.Nova sait également faire varier les intensités, passant par des moments poignants, sobres, mystérieux ou encore plus légers ; riche palette qui ne s'encombre pourtant pas d'une complexité superflue, à l'image de "Brise", ritournelle pour solo de guitare rêveuse.
L'écorce sensible est une création sonore cinégénique à destination des amoureux de thèmes musicaux à la japonaise comme ceux désirant découvrir un monde à part ou partir pour un voyage onirique aux saveurs orientales.