The Bakerton Group n’est certes pas un premier venu sur la scène musicale internationale. Le groupe compte dans ses rangs les membres de Clutch qui, toute proportion gardée compte tenu du rythme discographique qu’ils imposent, trouvent encore le temps de composer pour ce side project parallèle. Deuxième album du nom, "El Rojo" succède au prometteur et intéressant premier coup d’essai sorti en 2007.
Pour cette production, The Bakerton Group s’est offert un invité de marque au poste de claviériste en la personne de Per Wiberg, membre d’Opeth et également de Spiritual Beggars. Voilà qui pourrait bien annoncer une symbiose death métal/stoner des plus réjouissantes à l’écoute de "El Rojo".
Et bien en fait, ces traits de composition très attractifs et attirants lorsque l’on évoque ces formations scandinaves sont tout bonnement laissés aux backstage par The Bakerton Group. Après tout, à quoi bon se retrouver sous un nom différent dans l’unique but de nourrir les mêmes desseins que sous son propre nom…
Et c’est précisément à cet endroit crucial que The Bakerton Group va en étonner mais par dessus tout en séduire plus d’un. En effet, les dix titres instrumentaux présents sur "El Rojo" renferment, sous l’impulsion généreuse du savoir-faire évident des musiciens, une véritable richesse musicale. Même si les éternelles années soixante dix demeurent le principal bastion de ses inspirations, le "power" quintette est capable de s’approprier cet héritage inépuisable. La griffe "purplelienne" est évidemment palpable grâce aux interventions bien senties de Per Wiberg accroché derrière son B3. Ce son à la fois si particulier et intense est magistralement retranscrit par ce claviériste sobre et brillant. D’ailleurs, les échanges juteux entre le B3 et les deux guitaristes au son accommodé de la juste pointe d’acide au rendu légèrement psychédélique ont une place d’honneur sur " El Rojo". La section rythmique apporte quant à elle le soutien idéal et surtout une véritable consistance dans cette ambiance colorée sous le signe des seventies.
Fidèle à l’appellation "jam band" aux vertus bienfaisantes pour les tympans, The Bakerton Group distille tout ce que cette approche de ce contexte musical a pu apporter en terme de créativité. Le blues gras et mordant vient bien sûr en tête, suivi d’assez prêt par des thèmes très proches de l’improvisation jazzy lorsque le son d’un saxophone déjanté vient titiller l’air ambiant. Le groove caractéristique de ce type de formation aux allures de "live band" est particulièrement bien retranscrit par une production à la teneur très naturelle.
"El Rojo" est une œuvre finalement assez ambitieuse et éclectique, dont les contours pourtant puisés dans un passé extrêmement riche parviennent à filer entre les mailles du temps qui passe. Cet album est tout simplement rendu vivant par cette forme d’interprétation à caractère spontané mais totalement maîtrisé grâce à la complicité que dégage chaque membre du groupe.
Encore faut-il rappeler que bien qu’ambivalent, le rouge n’en est pas moins la couleur charnelle par excellence. Ce titre rend un hommage vibrant et très adapté au contenu de cette nouvelle offrande proposée par The Bakerton Group. Et il serait fort regrettable de ne pas se pencher sur ce "El Rojo" qui au bout du compte, démontre de façon éclatante que toute forme de liberté créative en terme de musique n’est pas encore prête à vendre son âme.