Depuis le très bon « Magnum Opus » (1995), Malmsteen a multiplié les projets - « Inspiration », un album de reprises, « Concerto », un album symphonique - ce qui explique le délai inhabituellement long qu’il lui a fallu pour sortir ce « Facing The Animal ». Sorti en 1997 au Japon et l’année suivante en Europe, cet album prend le contre pied du projet uniquement instrumental « Concerto ». En effet, l’album est très orienté « chansons » et ne comporte qu’un seul instrumental et bien moins de soli qu'à l'accoutumé.
L’orientation musicale a également changé. Après sa période néo-classique, sa période « FM », et une période Heavy mélodique, Yngwie donne là dans un style assez proche d’un Hard US calibré pour les radios (« Alone In Paradise », « Like An Angel », « Another Time », « Only The Strong »). Le son, issu d’une co-production Chris Tsangarides / Malmsteen, est excellent et permet aux musiciens de se mettre en valeur. Cela est surtout vrai pour la guitare (surprenant non ?) et pour la batterie. Cette dernière est d'ailleurs tenue par Cozy Powell (Jeff Beck, Rainbow, MSG…) qui, ne se contentant pas d’être un faire valoir pour les parties de guitares (« Heathens From The North »), apporte un jeu très riche sans être démonstratif. Il est à noter que ce sera là une de ses dernières apparitions. Il décédera en avril 1998 au volant de sa voiture alors qu’il téléphonait à sa compagne.
Le nouveau chanteur, Mats Leven (futur At Vance et Therion), a quant à lui une belle voix. Mais malheureusement, à de rares exceptions (« Another Time » par exemple) celle-ci est un peu passe partout. Sa puissance vocal n’est pas remise en question, mais son registre est assez limité et surtout assez pauvre au niveau des émotions. Cette caractéristique est assez représentative de tout l'album : tout y est très bon (mélodies, son, musiciens…) mais il manque ce petit plus, cette étincelle de magie qui faisait déjà un peu défaut, mais à un niveau moindre, sur « Fire & Ice » et « Eclipse ».
Il n’en reste pas moins que de très bons moments sont a retirer de l’écoute de ce disque. L’instrumental, « Air On A Them », inspiré par Vivaldi, donne l’occasion à Malmsteen de faire étalage de sa technique et de son feeling et les très américaines « Sacrifice » et « Another Time » possèdent quant à elles des mélodies et un groove qui les rendent immédiatement mémorisables...
Le speedy Gonzales suédois nous propose là un album au résultat très moyen sans que l’on puisse pour autant lui faire de gros reproches. Allez Yngwie, un effort ! La prochaine fois ajoute donc un peu de folie !