Malgré un titre éponyme des plus réussis, « Who Made Who » n’a pas permis à AC/DC de sortir de la morosité dans laquelle il s’est englué depuis plusieurs albums. Le quintet décide donc de revenir à certaines valeurs sûres pour repartir du bon pied. Et pour commencer, George, le grand frère, est de retour à la production, en compagnie de son inséparable acolyte, Harry Vanda. Toute l’équipe s’installe dans le sud de la France pour enregistrer et l’ambiance est des plus décontractées. Cela se ressent, d’autant plus que George en a profité pour rappeler à ses cadets qu’ils n’ont pas besoin d’en faire des tonnes concernant la puissance de leurs compositions, leur énergie naturelle se suffisant à elle-même. Quant à Brian Johnson, il réussit à le convaincre de plus nuancer son chant et d’arrêter de systématiquement forcer dans des aigus qui ne sont pas naturels pour lui.
Tout cela nous donne un album synonyme de renouveau pour le combo électrifié. La production est claire, aérée et nuancée, tout comme les compositions variées et mélodiques. Chaque titre rebondit sur le précédent et donne une dynamique que les albums d’AC/DC avaient perdu depuis « Back In Black ». Le début de l’album est significatif de l’énergie retrouvée par Angus et sa bande qui nous assènent un double crochet avec le rapide « Heatseeker » au riff cinglant, suivi d’un « That’s The Way I Wanna Rock & Roll » irrésistible, doublé d’un refrain obsédant et hyper entraînant. Ce titre sera d’ailleurs l’occasion d’un clip délirant, preuve de la joie de vivre retrouvée par le groupe. Difficile de se relever après ça, d’autant que la suite maintient la pression.
Les joyeux drilles nous servent un riff entraînant aux accents funky sur « Mean Streak » suivi d’un « Go Zone » un peu plus heavy et au refrain catchy. Ils nous surprennent ensuite avec les riffs vicieux de « Kissin’ Dynamite » et « Nick Of Time ». Si le premier nous endort avec ses accords retenus en intro, les deux nous accrochent avec leurs variations de tempo et leurs accélérations ravageuses sur leurs refrains. Et si le rythme ralentit ensuite, c’est pour mieux nous assommer avec un « This Means War » à l’implacable riff circulaire, rapide et entraînant et au refrain immédiat. Ce ralentissement est cependant le seul petit point faible de l’album, même si, en dehors d’un « Some Sin For Nuthin’ » bluesy mais un brin poussif, l’ensemble reste attractif avec un « Ruff Stuff » plus mid-tempo mais efficace, et un « Two’s Up » au riff intense et à l’ambiance lourde et presque étouffante.
Sans en atteindre le niveau, « Blow Up Your Video » est sans aucun doute le meilleur album de la Young Corporation depuis « Back In Black » et marque un regain de forme qui fait plaisir à voir, et surtout à entendre. AC/DC refait enfin du AC/DC est nous apporte ce qu’il sait faire de mieux : une bonne dose d’un Hard-Rock spontané, enthousiasmant et pourvoyeur de bonne humeur. La légende est de retour et de nouveaux jours radieux s’annoncent. Voilà qui fera plaisir à plus d’un headbanger invétéré !