Vous aimez le progressif ? Alors j'imagine qu'au travers de votre quête musicale, le fait de vous laisser surprendre au détour d'une volée de notes doit forcément vous émoustiller. Eh bien ne zappez surtout pas, vous avez sélectionné la bonne fréquence en vous penchant sur le deuxième album de Slychosis, groupe américain totalement inconnu de nos services jusqu'à ce jour (et dont le site Internet très peu fourni à l'heure actuelle ne me permettra pas de vous en dire beaucoup plus …). A l'image de la pochette de l'album, et encore plus de son prédecesseur, ce quatuor plein d'imagination va vous emmener aux quatre coins de la planète prog (et pourtant, elle est ronde !), et vous faire partager sa folie douce.
Tout commence par … du néo-prog pur-jus, tendance Moria Falls : choeurs féminins, synthés planants, guitare pleine de réverb' : Columns semble renouer avec les standards du progressif des années 90. Mais au bout de deux minutes, par l'intermédiaire d'un chœur de Golgoths désabusés, le titre prend une atmosphère psychédélique, interrompue par trois passages instrumentaux glissant du prog 70 au métal, en faisant une petite incursion du côté de Shadowland. Après six minutes, l'auditeur ne sait déjà plus où donner de la tête, et la tendance va se confirmer tout au long de ce Slychedelia.
Les passages instrumentaux se taillent la part du lion, mais sans jamais se cantonner à un seul style : Flag of Dimbu déroule ainsi ses 8 minutes en passant allégrement du néo-prog au space-prog, en y ajoutant quelques chorus jubilatoires. Quant aux passages chantés, j'avoue que le timbre psychédélique façon Syd Barrett époque Piper at the Gates of Dawn a un peu de mal à passer aujourd'hui, surtout quand il est soutenu par une instrumentation résolument moderne. A l'autre extrémité du spectre musical, les amateurs de métal trouveront également leur bonheur avec quelques passages bien percutants (For Vlad ou encore Harps of Space). Quant aux médiévistes ou autres fanas de folklore réinterprété de façon moderne, Slychosis a également pensé à eux en clôturant l'album de manière originale avec un Crimson Fields of Glory que sir Ritchie Blackmore et sa Candice n'auraient pas renié.
Mais le plus jubilatoire dans cet album reste que le groupe cultive l'art du contre-pied, en emmenant l'auditeur là où ce dernier ne s'attend pas forcément à aller. Et cerise sur le gâteau, nos américains possèdent également un certain sens de l'humour (ou de l'hommage, c'est selon). Ainsi, non content de proposer un passage typiquement floydien dans Flag of Dimbu, on retrouve carrément en épilogue de Cosmic Irony un arpège de 4 notes reconnaissable entre mille (allez, je vous aide : il s'agit de Shine on You Crazy Diamond). De même, je ne peux pas croire que le "riff" de batterie qui se trouve au milieu de Harps of Space ne doive pas quelque chose au Money for Nothing de Dire Straits ?
Alors après toutes ces éloges, place aux quelques désagréments qui font un tantinet baisser la qualité de l'ensemble. Nous avons déjà évoqué le chant, place maintenant aux instrumentistes. Ici, nous ne remettrons pas en cause leur qualité technique, mais plutôt l'agencement sonore global du groupe et certains choix douteux. De manière générale, la batterie est mixée beaucoup trop en avant, et malgré la présence d'un vrai batteur, les parties programmées font littéralement tache. De même, certains sonorités de guitare n'apparaissent pas toujours bien appropriées à la tonalité du titre concerné, les parties "nasillardes" devenant parfois irritantes.
Malgré ces petits soucis qui devraient on l'espère disparaître avec le temps, je vous encourage vraiment à découvrir cet album, véritable nid à surprises musicales, tout en restant d'un accès aisé.