Nouveau venu chez Magna Carta, label américain reconnu pour ses nombreuses conquêtes en terme de guitaristes hautement qualifiés aussi bien en solo qu’oeuvrant dans de véritables groupes, Ethan Brosh n’échappe pas à la règle. Diplômé de la renommée Berklee Institut de Boston, ce musicien d’origine israelienne est également professeur de guitare dans cet établissement. Voilà qui en dit déjà long sur le contenu de "Out To Oblivion", son premier album qui bien évidemment va toucher de très près à ce qui peut ressortir de la pratique intensive de la six cordes.
Un mot à propos de l’illustration pour commencer la présentation de cette première galette d’Ethan Brosh. Il s’agit d’un dessin signé Derek Riggs, auteur attitré des pochettes d’albums d’Iron Maiden. N’y aurait-il donc pas un quelconque rapport du point de vue musical entre ce méga groupe anglais et le contenu de "Out To Oblivion" ? Sans aucun doute, car même si Ethan Brosh est bien loin de produire du sous Iron Maiden, l’axe majeur de cette galette entièrement instrumentale repose sur d’incontournables plans puisés dans le heavy métal. D’ailleurs "The Hitman", le titre d’introduction, repose sur un riff de la grande école du heavy à la sauce british dont un certain Judas Priest ne renierait pas la création. Mais n’oublions pas que nous sommes face à un incontestable virtuose de la guitare dont la technique ébouriffante et la fluidité du jeu le placent au même niveau des précurseurs du mode supersonique que sont Yngwie Malmsteen et Steve Vai.
Cependant, toutes ces qualités sont très bien mises à profit pour ne pas lasser assez rapidement l’auditeur. Ce qui procure à l’ensemble de cet album une forme de maturité très importante dans les styles abordés. A commencer par le "Malmsteenien" et mélodieux "Night City" aux forts relents eighties grâce à ses quelques légères notes de synthétiseurs en second plan et son introduction hispanique. Et justement, à propos des années quatre vingt, c’est l’illustre Chris Tsangarides qui s’est chargé de la production de "Out To Oblivion". Rappelons au passage que ce producteur s’est construit une solide réputation dans ces mêmes années avec des pointures comme Ian Gillan, Thin Lizzy ou encore Y&T. Cette atmosphère empreinte de cette prolifique décennie ne confère heureusement pas un son poussiéreux et vieillot à l’ensemble de cette production. La preuve en est, par exemple, avec le claquant et pachydermique "Ancient Land" dont les soli tendus tissent une véritable toile. Autre point digne d'intérêt, Ethan Brosh a eu la bonne idée d’inviter quelques excellents gratteux, dont l’ex Dokken Georges Lynch ainsi que les redoutables Greg Howe et Dave Martone.
"Out To Oblivion" demeure avant tout l’œuvre d’un grand guitariste qui a misé sur la diversité que seul le véritable talent peut permettre de guider. En effet, les débauches de notes ultra rapides cèdent agréablement la place à des pièces acoustiques plus ambitieuses, comme d’une part l’interprétation du prélude n°4 de Bach qui démontre toute la finesse et la pertinence du jeu d’Ethan Brosh, mais d’autre part un titre comme "Illusion" aux contours flamencos resplendissants.
Sans toutefois réinventer quoique ce soit en terme d’album instrumental bâti sur la guitare, Ethan Brosh réussi à nous faire plonger dans son univers et sa conception de ce mythique instrument avec beaucoup de passion et de brio. Finalement, le temps passe vite en sa compagnie. Ce premier jet en forme de curriculum vitae assez impressionnant devrait logiquement lui ouvrir les portes de la reconnaissance. Encore un musicien à suivre de prêt…