Alors que « To Rock Or Not To Be » avait été bien accueilli par la critique, et ceci à juste titre, Krokus a splitté quelques mois après la sortie de cet opus. 4 ans après, n’y tenant plus, Fernando Von Arb décide de remonter son groupe une énième fois, emmenant Many Maurer avec lui dans cette aventure, ainsi que 3 petits nouveaux, dont le chanteur britannique Carl Sentance, repéré au sein du combo Gallois Persian Risk. La dernière fois que le guitariste Suisse avait essayer de relancer ce groupe avec un autre vocaliste que Marc Storace, l’aventure avait rapidement tourné court. C’était en 1990 pour l’album « Stampede » avec Peter Tanner prenant place derrière le micro. Mais visiblement, l’envie de jouer de Von Arb a été plus forte que la leçon de l’époque.
Gageons que ce treizième round lui ôtera définitivement l’envie de recommencer. En tout cas, c’est probablement l’effet que cela procurera aux imprudents amateurs du groupe Helvète qui poseront leurs oreilles sur cet album. Car, mis à part le pitoyable « Change Of Address », ce « Round 13 » est sûrement le plus mauvais opus de Krokus. Pourtant, la production est l’œuvre de Tony Platt, mais même le meilleur son ne peut compenser la pauvreté des compositions. Le pire, c’est que Von Arb essaye de nouvelles choses avec un « Heya » aux rythmes et aux chants Nord-Amérindiens ou avec un énergique « Suck My Guitar ». Malheureusement, dans le premier cas, l’ensemble est trop lourd pour réussir à décoller, alors que dans le second, le titre tourne rapidement en rond. Il faut attendre la fin de l’album pour retrouver un peu d’entrain, le quintet donnant la sensation avant cela, d’être tendu et en manque d’énergie, pour un résultat global particulièrement poussif. C’est un peu comme si les acolytes du leader six-cordiste n’arrivaient pas à se lâcher.
Le titre « Money Back » en est le meilleur exemple avec son riff sautillant et son refrain immédiat. Avec de tels atouts, un morceau doit normalement emporter l’adhésion de l’auditoire. Pourtant, ce titre finit lui aussi par tourner en rond, alors que les poussées dans les aigus de Carl Sentance commencent déjà à devenir pénibles. Il faut donc que Von Arb revienne à des titres inspirés par AC/DC pour qu’un peu de fraîcheur émane enfin de cet opus avec les titres « Witchhunt » et « Backstabber ». Quant on pense que sa filiation trop voyante avec le gang des frères Young a souvent été le principal reproche fait à Krokus, il est amusant de constater que c’est elle qui réussit à sauver ce « Round 13 » du KO profond.
C’est donc peu dire que Fernando Von Arb a manqué son retour. Pourtant, en dehors du chant parfois agaçant de Carl Sentance, il y avait matière à faire beaucoup mieux. Malheureusement, le Hard-Rock nécessite une énergie et un enthousiasme de tous les instants pour réussir à toucher les amateurs du style. Or si la bande réunie par le leader historique du groupe joue proprement et sans faute, elle le fait au détriment de ces ingrédients incontournables à la réussite de ce genre d’album. Une fois de plus, Krokus n’y résistera pas, jusqu’à de nouvelles aventures.