2004, souvenez-vous… Outre le fait que c’est l’année où la France s’est pris une déculotté mémorable en Coupe d’Europe, c’est surtout, et c’est tout l’objet des lignes qui suivent, l’année où un Zébulon prend possession d’un pavillon Baltard envoûté par ses prestations possédées.
Quatre années plus tard, celui qu’on a eu vite fait de cantonner au rang de Kurt Cobain français revient faire parler de lui avec son deuxième album à contre-courant des modes en vigueur aussi bien dans le show business en général que le hard rock en particulier… En effet, comme l’indique clairement le visuel fluo, ce « Poison Idéal » nous rappelle au bon souvenir de la grande époque du glam rock qui a marqué le début des années 80.
Et dès l’introductif « Real TV » -dans lequel Steeve règle ses comptes avec ses détracteurs à grand coup de riffs et soli bien sentis- on est pris dans le tourbillon d’un chorus particulièrement accrocheur appuyé par le mixage de la légende vivante Mike Fraser (AC/DC, Metallica, Aerosmith, Guns'N'Roses, Joe Satriani…). Une entame fort prometteuse qui aurait pu, qui aurait dû faire taire les mauvaises langues si seulement la suite avait été du même tonneau !
Car malheureusement, la suite n’est pas à la hauteur de cette introduction vigoureuse, Steeve se perd entre ballades sirupeuses et titres rock nettement moins enlevés. Volonté de ne pas trop décontenancer le public qui l’a propulsé sur le devant de la scène avec une musique trop heavy ? Toujours est-il que l’énergie qui a fait la réputation du bonhomme manque cruellement à ce « Poison Idéal » comme en atteste le choix de sortir en avant la ballade désuète qu’est « Un Ange Noir ».
Voici, le constat général de ce « Poison Idéal », une démarche louable en raison du fait que Steeve Estatof nous replonge dans les années 80 avec cette ode au glam rock truffée de clins d’œil aux idoles de l’époque… Virage d’autant plus louable qu’elle s’inscrit dans la volonté de se démarquer de cette étiquette de Kurt Cobain à la française cannibalisant son identité propre. Mais dans cet exercice, l’énergie, la fougue, le charme qui le caractérisent sont, à de rares exceptions près, aux abonnés absents d’un album qui s’essouffle au fur et à mesure des titres un brin désuets.
Dommage mais gageons que Steeve Estatof saura tirer les leçons de ce semi-échec en nous gratifiant à l’avenir d’un album original qui saura faire l’unanimité auprès de son public mais également celui hard rock en général.