Voilà onze ans sortait dans les bacs le premier EP éponyme de Lacuna Coil. A cette époque leur sphère musicale roulait plutôt du côté du Métal Atmosphérique teinté de Gothique. « In A Reverie » et « Unleashed Memories » avaient suivi le même tracé. « Comalies », sortit en 2002, leur amena une reconnaissance appuyée des habitants du monde du Métal. A cette époque, leur musique se fît moins sombre et plus à même de passer en radio, c’est d’ailleurs ce qui se passa avec le titre « Heaven's A Lie » un an plus tard. En 2004, le controversé « Karmacode » vit le jour, le léger virage Métal Alternatif/Néo Métal ne plût pas à tout le monde (les guitares désaccordées ça pouvait agacer à la longue), cependant, les tournées qui suivirent (Canada, Mexique, Japon, USA, Russie…) montrèrent bel et bien que le succès du groupe allait en grandissant.
Aujourd’hui, « Shallow Life » (Vie Futile) nous est proposé et il est une preuve supplémentaire que les milanais ne sont pas du genre à s’endormir sur leurs lauriers et à tourner en rond. En effet, Lacuna Coil vire triplement de bord avec ce nouvel album. D’une part le groupe change de producteur et fait désormais confiance au célèbre Don Gilmore (Linkin Park, Good Charlotte, Avril Lavigne, Bullet For My Valentine, Duran Duran…). D’autre part, il part enregistrer aux USA (le studio NRG à Los Angeles). Et pour finir, il nous sort un album qui n’est ni conforme aux premiers opus, ni à l’encensé « Comalies », pas plus qu’au critiqué « Karmacode », mais qui est plutôt un savant mélange des quatre, un genre de mix de sonorités et d’inspirations anciennes et d’idées et d’harmonies nouvelles. Dans la lignée de cette observation, un extrait d’interview de la jolie chanteuse : ‘’ « Shallow Life » est une réflexion sur le fait que la vie est faite à la fois de choses superficielles et de questions autrement plus vitales’’. Pas forcément puissant comme pensée mais en phase avec l’impression dégagée à l’écoute du disque : du chatoyant et de l’obscur.
En effet, les italiens semblent avoir souhaité, sur leur nouvel effort, emprunter plusieurs voies différentes tout en gardant leur propre style. Certaines d’entre elles ne figurent pas sur l’album (Extrême, Sudiste…) mais démontrent que Lacuna Coil ne s’est interdit, à la base, aucune limite de genres. Ces envies de liberté et de prise de risques se traduisent même au travers de deux titres explicites: « Unchained » (première chanson composée lors des cessions) et « I’m Not Afraid ». Le premier comporte un solo de guitare, ce qui est pour le moins rare du côté des transalpins et le second transpire des effluves de…Linkin Park (Don aurait il dispersé quelques grains de sel ?).
Cette ambivalence musicale se retrouve également, par exemple, avec l’opposition entre « Survive » d’obédience Néo, et « Underdog » plus Heavy, le contraste entre « Not Enough » bourré d’émotion et le plutôt Pop-dansant « I Like It » et avec le gouffre qu’il y a entre le tubesque « Spellbound » et le confidentiel et sombre « The Pain ».
Au rayon des douceurs, deux titres et pas des moindres : « Wide Awake » qui évoque parfois Kate Bush et le magnifique « Shallow Life » qui clôt l’album. Ces ballades (et tous les autres titres de l’album) montrent que Cristina peut aborder aujourd’hui toutes les palettes vocales et, remarque complémentaire sur le chant, il est à noter que la complémentarité avec Andréa est calibrée ici de la plus belle des manières.
Alors oui, la « Spirale Mortelle » est devenu un groupe plus mainstream qu’à ses débuts…peu de groupes de Métal peuvent en effet se vanter de passer dans un show de seconde partie de soirée aux States (Jimmy Kimmel Show), d’y rentrer dans les Charts, de recevoir un disque d’argent (en Italie) et d’agrémenter musicalement parlant un jeu vidéo (Vampire: The Masquerade – Bloodlines) mais il nous propose, avec « Shallow Life », un album complet et très appréciable. Efficacité des titres, ambiances réussies, cohésion des chants, dynamisme de la production, tout y est.
Ne passez pas votre chemin, avec cet album, ce groupe continue à grandir et j’ai le sentiment qu’il n’a pas encore atteint sa maturité.