On a beau être suisse, de père Italien et de mère française, on en a pas moins envie de faire de la musique son métier, non ? C'est ce que s'est dit le petit Alex Carpani. Il était pote avec le fiston de Keith Emerson (eh oui, y'en a, j'vous jure, ils sont bien nés…) avec lequel il usait ses fonds de culottes sur les bancs du bahut, en suisse. La rencontre avec le fameux papa à 7 ans influença, d'après lui, ses goûts en matière de musique. Ce garçon doué étudia sur le tard la musique qu'il pratiquait déjà avec beaucoup de talent. Il obtint un beau diplôme à Bologne (Italie) et travailla ainsi dans un premier temps pour le cinéma.
Après une expérience dans un duo (de claviers), Gemini, il se lança dans une carrière solo multi-facettes. D'un côté le Rock Progressif, de l'autre la musique électronique, mais aussi de la musique pour théâtre. C'est la partie Progressive de son œuvre qui nous intéresse (il a, tous domaines confondus, plus d'une dizaine de disques à son actif). 3 disques ont été enregistrés entre 2003 et 2005. Celui-ci date de 2003-2004 et a été publié en 2007. Les 2 autres seront publiés en 2009 et probablement 2010 pour le dernier.
Waterline, donc, est un album d'obédience progressive, dans lequel on retrouvera une pléiade de musiciens de tous pays, dont 8 guitaristes. 11 titres allant de 3 à 5 minutes environ, instrumentaux ou chantés, en italien ou en anglais, constituent ce CD. La période 70's du Rock Progressif est un peu passée en revue avec des références à certains grands groupes de l'époque tels que Genesis (The Levees Break, Song of the Pond et sa flûte traversière par exemple), ELP (Agua Claro), mais aussi et plus surprenant, Supertramp (l'utilisation du piano en est la cause principale) dans certains passages.
Vous ai-je dit qu'il s'agissait d'un concept-album sur la mince frontière entre l'eau et la terre ? Non ? Et que la pochette était l'œuvre d'un artiste connu des fans de l'ancien label Charisma (Genesis, VDGG…), Paul Whitehead, qui a aussi participé à l'écriture des paroles ? Non plus ? Eh bien c'est fait...
Alex Carpani nous a concocté cet album avec beaucoup d'amour, et avec, aussi, de bons musiciens. Ses compères lui offrent l'opportunité de jouer dans les styles cités plus haut, mais aussi d'aller vers le jazz-rock (A Gathering Storm). Un morceau tel que The Waterfall est, quant à lui, très personnel. Un instrumental dans lequel on ne s'ennuie pas, c'est finalement assez rare pour être noté.
Au final, Waterline est un album de rock progressif hétérogène fait de bons moments et de passages plus quelconques. Il manque probablement une âme à ce disque, un fil conducteur, un comble pour un concept-album (la musique ne confirme pas cette notion de concept). Peut-être l'accumulation de styles est elle une bonne carte de visite, mais c'est un handicap pour la profondeur de l'ensemble. Terminer sur un arrangement d'une œuvre de JS Bach n'est d'ailleurs pas là pour renforcer le tout. Mais comme l'écoute des titres, individuellement, n'est pas indigeste, j'écouterais avec plaisir les disques à venir du copain du fils du gars des claviers d'ELP…