« Attention Mesdames et Messieurs, petits et grands, jeunes et plus vieux, répondez bien fort à ma question : aimez-vous le cirque ? »
Les enfants hystériques dans l’assistance s’exclament en chœur « Ouiiiiii ! ».
« Aaaah mais attention mes tits n’enfants, avant de répondre vous devez savoir que je ne parle pas ici de clowns ou d’acrobates ! Notre numéro Blackie Lawless est le lion qui bouffe le clown, le M. Muscle teuton ayant autant de souplesse que le tronc d’arbre qu’il chérit ! Et quand je parle de cirque, c’est celui de la vie : bordélique et rageur ! »
Les enfants (moins) hystériques murmurent : « Euuuuh… ».
Retour à notre réalité. Le présentateur kitch évoluant sur la piste aux étoiles vous accueille, mais si le personnage est bien là, il nous invite à prendre place dans une introduction aussi inquiétante que surprenante. Surprenante, car WASP pouvait facilement se cataloguer jusqu’ici dans un style Heavy Metal catchy et rentre-dedans. Avec cette mise en scène, on perçoit la volonté du groupe d’évoluer vers des atmosphères un peu plus fouillées, mouvement déjà amorcé avec le précédent opus. Inquiétante, car Blackie reste égal à lui-même : lubrique à souhait et pas franchement le gendre idéal !
L’ouverture est un régal : le titre éponyme et la reprise « I Don’t Need No Doctor » sont au format des premiers jets du groupe et font figure d’hymnes imparables. Mais très vite, tout se complique, et ce pour plusieurs raisons. D’abord, le numéro d’équilibriste que nous offre le leader chanteur depuis quelques représentations présente ici ses limites : la voix éraillée a atteint son point de rupture et des titres comme « 9.5. – Nasty » ou « Easy Living » sont complètement gâchés. Ensuite, la prestation du batteur est basique, pour ne pas dire pauvre : se reposant sur des partitions binaires simplistes, il manque aussi cruellement de groove.
Enfin, les morceaux eux-mêmes ont perdu de leur superbe. Ils ne sont pas foncièrement mauvais, et l’album s’écoute sans trop de passages à vide, mais il manque l’étincelle, le feu sacré, le petit plus, le youplaboum, appelez le comme vous voulez, mais il n’est pas là ! Du coup des titres agréables comme « Restless Gipsy », « Shoot From The Hip », « I’m Alive » ou « Sweet Cheetah » sont juste bons.
Synthèse de tout cela, les 3 derniers titres de l’album sont les magnifiques exemples de tout ce qu’il faudrait faire ou ne pas faire ! « Mantronic » est une fausse ballade qui nous rappelle que le groupe n’en a encore composé aucune, ce qu’on regrette à l’écoute des quelques lignes mélodiques efficaces qu’elle comporte. « King Of Sodom And Gomorrah » est le morceau à jeter par excellence : plat, bas du front, frustrant. « The Rock Rolls On » est la résurgence d’une belle énergie et d’une fougue imparable, une très bonne surprise donc qui délivre une belle dernière impression.
On quitte le chapiteau sur une impression mitigée, sûr que les numéros présentés l’avaient déjà été de façon plus brillante, plus inspirée, mais convaincu également que l’on n’a pas assisté à un si mauvais show. On se prend à espérer surtout que tout cela n’est qu’une transition, qu’en coulisses les artistes travaillent sur de nouvelles figures et qu’ils ont meublé comme ils ont pu avec des chutes d’anciennes partitions en attendant. Sur tous ces points nous avions cent fois raison… Mais nous l’ignorions alors !
Note 1 : « I Don’t Need No Doctor » est une reprise de Ray Charles
Note 2 : « Easy Living » est une reprise d’Uriah Heep.