Debauchery a toujours bénéficié de ma part d’un sérieux capital sympathie. Je dois avouer que j’aime bien ce groupe un peu déjanté sur les bords et à la production très régulière d’albums sanglants. Debauchery c’est la pratique musicale et une attitude death’n’roll. Pour ce sixième opus, le groupe allemand nous propose deux CD aux ambiances bien distinctes.
Le premier CD, "War", nous balance en pleine poire un death arrache-tout sauce Debauchery. Un death métal lourd, gras et bien speed, rehaussé cette fois-ci de couleurs mélodiques auxquelles le groupe ne nous avait pas habitué. Debauchery n’hésite pas à présenter lui-même cet album comme la rencontre musicale - ni plus ni moins - entre Dimmu Borgir et Slayer. L’utilisation d’un clavier sur quasiment tous les titres donne une couleur particulière à l’ensemble et s’avère assez déroutante au premier abord. Les compositions prennent une autre dimension, un surprenant côté grandiloquent alors que le groupe nous avait plutôt habitué à jouer à plat. On frôle parfois la musique de film, sauce death, comme sur "Honour And Courage", titre qui présente même un Debauchery enjôleur avec son break particulièrement mélodique. Le groupe nous dévoile différentes faces de sa personnalité musicale : blastique, apocalyptique et dissonnant sur "Savage Mortician", un petit côté indus sur "Killing Ground", folk et épique sur "Wolves Of The North".
"War" nous offre donc une musique décoiffante et plutôt variée. Debauchery y fait un très bon usage des claviers qui ne nuisent aucunement à la force dévastatrice de son death metal guerrier.
Le second CD, "Rockers", s’avère être du pur death’n’roll. Ceux qui connaissent déjà le groupe ne seront nullement surpris par cette démarche. Debauchery n’a jamais caché son côté hard rock avec pour preuve les titres "Hard Rocking" ou "Metal On Metal" de son album précédent "Continue To Kill". Cela ressemble fort, en moins lourd, au "Graveyard Classics II" de Six Feet Under, sauf que le groupe ne se contente pas de reprendre les standards d'AC/DC, formation - avec Krokus et Airbourne - qui a toujours fortement influencé Debauchery. Les allemands nous balancent donc des compos originales qui, si elles ne révolutionnent en rien le genre, se révèlent malgré tout assez électrocutantes. Seul "Hammer Of The Blood God" s’éloigne véritablement de l’influence AC/DCienne.
"Rockers" est ainsi un bon deuxième petit CD, pas original pour deux sous mais bien foutu, dans lequel tout rocker death metal dans l’âme devrait trouver à contenter ses esgourdes. Debauchery montre que sous ses aspects musicaux "primitifs" se cachent des musiciens de talent.
Sans perdre de la force dans son propos musical, avec "Rockers & War", le groupe allemand démontre qu’il sait se montrer persuasif même quand il s’éloigne de ses propres contrées death métal. Ce nouveau double opus se révèle très convaincant. On espère pour le groupe, qu'il saura lui attirer un plus vaste auditoire. Quant aux fans de la première heure, ils apprécieront très certainement, car le nouveau Debauchery 2009 est un cru du niveau des années précédentes.