Enfin ! le voilà le nouvel album de Minimum Vital ! Les frères Payssan nous auront faire attendre 5 ans avant de donner un successeur à Atlas qui nous avait laissé un peu sur notre faim en 2004. Les jumeaux aquitains ne sont pas pour autant restés inactifs puisque qu'ils ont participé à de nombreuses compilations dont Hamtaï un hommage à la musique de Christian Vander (Magma) et que Jean-Luc a sorti son solo en 2006 (Pierrots et Arlequins).
Ce Capitaines commence agréablement par "She moves through the fair" dont le titre anglais ne doit pas vous faire penser que Minimum Vital, piégé par le miroir aux alouettes de la perfide Albion, s'est laissé aller à trahir la langue de Voltaire pour celle de Shakespeare... Que nenni fier chevalier franc, nos amis usent toujours de leur jargon qui semble tout droit issu du vieux françois. La musique de ce premier titre est chargée d'accents médiévaux et fleure bon le folklore du terroir. Les percussions traditionnelles se partagent la vedette avec les accords acoustiques de la guitare et les divers sons de bois et cordes issus du synthé de Thierry, jusqu'à ce que Jean-Luc fasse décoller le titre en passant sa guitare en mode électrique avec des sonorités saturées chaudes et très oldfieldiennes. Cette comparaison flatteuse s'impose plus encore sur le deuxième titre "Avec Uppsala" où, au-delà du son, se retrouvent également le feeling et l'ambiance du grand Mike quand il côtoie les cotés 'world' de son inspiration.
Qu'elle se fasse orientale ("Mauresque") ou multi-ethnique ("En terre étrangère"), la musique de Minimum Vital est toujours riche en sonorités et déborde d'énergie. Dans "En terre étrangère", nous ne sommes pas loin du symphonisme de certaines BOF de grandes productions d'aventure ou de fresques historiques. Ce titre est d'ailleurs un de mes préférés avec "Le chant de Gauthier" où se mêle avec génie le médiévalisme d'un Blackmore's Night avec l'ethnicité d'Oldfield. Je me dois de citer les interventions de Sonia Nedelec aux vocaux (je n'ose pas dire au chant car il n'y en guère sur Capitaines) qui ajoutent un brin de féminité de bon aloi, quoi que trop rare à mon goût. S'il fallait reprocher quelque chose à cet album, au demeurant excellent, ce serait sans doute la quasi omniprésence de l'ambiance 'médiévalo-oldfieldienne' à laquelle n'échappent que peu de titres si ce n'est "La route", ultime plage ponctuée de "tamdadam" sur fond d'orgue et qui s'achève sur une fugue que n'aurait pas renié le grand Jean-Sébastien.
Il ne manque à ce disque qu'un peu de variété dans les thèmes et les ambiances pour le faire franchir l'espace qui sépare la grande qualité de l'excellence. Il ne reste pas moins hautement recommandable pour tous les amateurs des musiques à haute saveur du terroir.