Derrière ce joli nom aux allures de personnage mythologique, se cachent quatre cuisiniers du son en provenance de Normandie et qui ont choisi depuis leur formation en 2003 de concocter des recettes post-rock à base de deux basses, une guitare, une batterie et munis de toute une flopée de bidouillages issus de leurs propres instruments. Se retrouvent ainsi les mêmes ingrédients rencontrés trois ans auparavant lors de la sortie de leur premier effort éponyme.
Ecouter Alkalys, c'est accepter de faire face à une expérience auditive… De celles qui peuvent vous clouer au sol comme vous rebuter à jamais. Il faut dire qu'Alkalys pratique l'expérimentation et fait en quelque sorte sauter les cadenas qui menottaient le post-rock pour libérer ainsi le genre d'un format peut-être un peu trop souvent ressassé. Car les mouvements post-rock a priori classiques développés par le quatuor, généralement longs, tantôt vaporeux ou délivrant lentement toute leur puissance cohabitent étrangement avec des sonorités bruitistes, des éclats de cordes, des stridences de vibrations, en bref, tout un travail sur les instruments afin de les faire s'exprimer autrement.
Il en ressort un résultat forcément déconcertant, étrange au même titre que le nom des différentes plages mais aussi hypnotique, psychédélique et au final tout à fait différent de ce qu'il est fréquent d'entendre ici-bas. En l'espace d'une cinquantaine de minutes, la parole sera laissée aux palpitations sonores engendrées par nos quatre havrais. Ce disque aurait été intégralement instrumental si sur "Loup-ange" un dénommé Noon ne venait pas réciter d'un ton monocorde et froid une poésie pamphlétaire et peu reluisante sur l'homme dans son arrogante nature ("Pauvre humain, futile d'aridité" entend-on)
La tentative louable d'Alkalys de sortir des sentiers battus, de creuser de ses mains de nouveaux sillons que d'autres pourraient par la suite emprunter, s'en trouve toutefois légèrement amoindris dans sa portée par le caractère pas foncièrement innovant de son post-rock. Car si Alkalys n'intégrait pas divers bruissements et stridulations, la musique des français resterait finalement dans des formats relativement conventionnels.
Malgré cela, "Chœur Delys" procure une dose appréciable de plaisir pour les oreilles, et mérite le détour pour tout amateur du genre qui se respecte. Il s'agit simplement de s'attendre à l'inattendu, et comme l'indiquait le groupe tel un souhait ou un conseil, de "ne pas assimiler [leur musique] à des références ou étiquettes et à ne pas la mettre dans des cases". Voilà qui a l'honnêteté d'être clair.