Peut-être est-ce dû au fait que The Muggs soient originaires de Detroit, capitale de l’automobile, mais une fois lancé l’écoute de « On With The Show », la sensation d’être monté dans la DeLorean du Docteur Emmett Brown (Retour Vers Le Futur) va vous envahir. En effet, le trio nous renvoie directement dans les seventies avec son blues-rock au forts relents psychédéliques, et ceci pour notre plus grand bonheur. « On With The Show » est le deuxième album de ce groupe dont une des particularité vient de son bassiste, Tony Denardo, qui joue ses parties sur un clavier, à la manière d’un Ray Manzarek (The Doors), et ceci suite à un accident vasculaire cérébral. Le fait que ses camarades de jeu aient attendu qu’il ait fini sa rééducation prouve la solidité des liens unissant les 3 musiciens, et cette osmose se ressent parfaitement à travers les 11 titres que le combo nous offre sur ce nouvel opus.
A la manière d’illustres aînés tels que Led Zeppelin, ou plus récemment, des Black Crowes, The Muggs ont digéré de multiples influences pour créer leur propre identité, tout en donnant toujours l’impression de naviguer en territoire familier. Pourtant, à peine sommes nous installés dans un « Motown Blues » chaud comme un blues du Delta, que Methric et sa bande nous bottent le derrière avec un « Slow Curve » vitaminé qui n’a de lent que le premier mot de son titre. Tout cela sent bon les fumées colorées qui font sourire béatement. C’est d’ailleurs l’effet que procure la musique des Muggs, digne des bandes sons des grands rassemblements des années 60 – 70 où certains se trémoussaient dans des champs, affublés de chemises à fleurs et de pantalons en velours. La différence vient de la puissance des compositions et de la production, s’appuyant sur une section rythmique en acier trempé. « Just Another Fool » en est le meilleur exemple avec son intro à la batterie faisant office d’enchaînement avec « Slow Curve » qui le précède. Danny Methric peut alors se reposer sur ces solides fondations pour nous balancer ses riffs irrésistibles et ses soli enfumés.
Les titres s’enchaînent sans temps mort mais les tempos varient sans pour autant provoquer de cassure. Ainsi, la power ballade bluesy « Curbside Constellation Blues » trouve parfaitement bien sa place entre le rock psychédélique de « Somewhere Down The Line » et le heavy-blues-rock puissant et catchy de « Down Below », alors que ce dernier débouche sur « Never Know Why », morceau de bravoure de l’album. En effet, tout au long de ses 8 minutes et demi, ce titre nous plonge dans une ambiance étouffante digne du Black Sabbath des débuts, tout en glissant une accélération centrale salvatrice. C’est d’ailleurs vers la rencontre improbable des voix d’Ozzy Osbourne et de Chris Robinson que s’oriente la tonalité de celle de Danny Methric. Et comme pour boucler la boucle, The Muggs concluent leur œuvre par l’enchaînement d’un « Get It On », boogie-blues-rock hyper entraînant, lancé par le son d’un train déboulant à toute vitesse, et finissant sa course sur la reprise survitaminée du titre introductif (« Motown Blues »), prétexte à de nouvelles envolées guitaristiques.
Voici donc une excellente découverte que ce « On With The Show » qui ravira les vieux amateurs de rock 70’s, aussi bien que les jeunes adeptes d’un mouvement ‘revival’ qui trouve ici un de ses meilleurs arguments. Le bon rock n’est pas mort et il semble même vivre une nouvelle jeunesse depuis que certains musiciens de la nouvelle génération ont su reprendre ses fondations pour le dépoussiérer et le rendre plus étincelant que jamais.