À certains égards, l'année 1980 pourrait être considérée comme "l'année zero" en terme de heavy metal. Après l'établissement des nombreuses fondations dans les années 70, les groupes explosent ici et là, notamment via la New Wave of British Heavy Metal, mais aussi par le changement de ton de quelques groupes emblématiques dont fait partie Judas Priest.
Si sur l'opus précédent, "Killing Machine", s'observait un durcissement global de la musique de Judas Priest, les racines hard rock étaient toujours bien présente. Le ton était varié avec un panel de styles hétéroclites. Sur "British Steel", il n'est plus question de tout cela. L'album est monolithique et sans concession, en bref Heavy metal. Des riffs sévères et froids régissent le son et donne une impression de lourdeur énergique. Même lorsque le ton ralenti, il reste ce coté froid comme l'acier.
La grande force de cet album est incontestablement son coté accrocheur. De "Rapid Fire" à "Living After Midnight" en passant par le mythique "Breaking The Law", l'œuvre est remplie de tube. Sans être linéaire ni racoleur, l'album est direct et immédiat. Les seuls regrets sont juste à chercher du coté de l'interprétation, plus statique et lourde, moins démonstrative. Les soli ne sont pas aussi percutants que par le passé, Halford est plus posé, hurle moins et le jeu rigide de Dave Holland fais parfois regretter le subtil Les Bink.
Mais il n'est point question de qualités ou de défauts. Chaque caractéristique s'inscrit dans une volonté globale de balancer un album puissant et instantané comme une explosion. Et pas de fumée hein, juste du bruit. Ce faisant, Judas Priest entre dans les années 80 par la grande porte.