Il y a beau y avoir une foultitude de groupes de Hard Symphonique à chanteuse aujourd’hui, dire que ce second album de Delain était attendu par les fans avec impatience est un doux euphémisme. Pour se faire une idée du bouillonnement généré, il suffit de surfer sur les très nombreux blogs qui parsèment la Toile…étonnant ! Mais ce qui est encore plus impressionnant pour un groupe aussi jeune (2002) n’ayant jusque-là sorti qu’un seul album (« Lucidity » en 2005), c’est de constater leur présence sur Youtube, sur Deezer ou sur Amazon par exemple, mais également à trouver ici et là moult traces de vidéos live piochées un peu partout en Europe. Un site, une adresse e-mail, les paroles des chansons, des achats possibles de sonneries de portable, des photos en pagaille (particulièrement de la chanteuse Charlotte Wessels, mais on comprend pourquoi dès le premier cliché), des clips…On se croirait chez Kiss ! Ha non, y’a pas les poupées à ma connaissance ! Dommage…
Ce groupe hollandais, qui n’était à la base, rappelons le, qu'un projet monté par Martijn Westerholt ex-pianiste de Within Temptation et frère de Robert le fondateur du groupe, ne devait son émergence qu’à la volonté de son claviériste de réunir pour un disque quelques pointures de la scène métal du moment. Martijn, qui avait quitté en 2001 Within Temptation pour des raisons de santé (Syndrome de Pfeiffer) avait pris plaisir durant sa longue période de soins, à composer quelques titres. Ce sont ces derniers qui apparaissent sur le premier opus du groupe. Puis, alors qu’aucun concert n’était prévu, le succès de cet album a forcé le destin de la formation, des prestations live ont finalement vu le jour et de fil en aiguille, l’envie de sortir un second pamphlet est venue naturellement titiller leur inconscient.
Alors ? Etait-ce une lumineuse idée ? Que vaut ce deuxième essai ? Hé bien je vais arrêter net ce suspens insoutenable, la réponse est oui, trois fois oui !
Et les néerlandais ne perdent pas de temps, « April Rain » le premier morceau qui donne son titre au disque poursuit encore aujourd'hui après 42 écoutes son travail de sape sur les murs de ma demeure (et accessoirement sur les tympans des oreilles des membres de ma famille). Ce titre est une bombe mélodique alternant périodes calmes émouvantes (l’entrée en matière, les couplets et le break pré-final), mouvements pêchus (la rafale de riffs de post-intro) et majestueux refrain. A la croisée improbable d’un « Moonlight Shadow » d’Oldfield et d’un « Stand my Ground » de Within Temptation, ce titre ouvre de manière remarquable cet opus. Du très grand métal symphonique.
Et qui dit Métal Symphonique dit Nightwish dont on retrouve le style dans « Indivia » (en partie du fait de la présence vocale de Ronald Landa le guitariste du groupe) et le chanteur/bassiste Marco Hietala sur les morceaux « Nothing Left » et « Control The Storm ». Nightwish, mais également Leave’s Eyes avec « On the Other Side », morceau composé par Charlotte avec la participation de la violoncelliste Maria Ahn membre du fameux trio de musique classique Ahn Trio.
Les qualités mélodieuses sont omniprésentes et offrent fréquemment des petits bijoux de refrain comme sur le bien pêchu « Go Away », morceau le plus rentre-dedans de l’album doté de rafales symphoniques du plus bel effet, sur le très enlevé « Virtue and Vice » et sur le somptueux « I’ll Reach You ».
Alors certes, on pourra toujours reprocher la voix trop souvent doublée de Charlotte, ces trop fréquentes enluminures qui renforcent l’emphase mais qui dénaturent la performance vocale, ce qui est dommage car elle chante juste. Pour en être convaincu écoutez « Start Swimming » ballade qui déclenche une irrépressible envie de danser une valse médiévale, dans le style de certains titres des Corrs, durant laquelle on a droit à des craquements de vinyle (!) et qui est dotée d’un refrain beau à larmoyer. On pourra aussi regretter, dans « Virtue and Vice », les grunts de Ronald Landa (le guitariste) qui tombent comme une perruque dans la soupière tant leur agressivité s’incère mal dans la (relative) douceur ambiante. On pourra émettre également quelques réserves au sujet de la structure des morceaux qui est souvent la même avec un binôme couplet/refrain généralement appuyé, passant du calme trompeur aux guitares saisissantes.
Au-delà de ces quelques bémols, que de satisfactions ! Delain nous offre ici un petit bijou de pop metal symphonique accessible à tous...