Un peu plus d'un an après la sortie de son premier album, et la parution entre-temps d'un nouvel opus de RPWL, Kalle Wallner nous revient avec la dream-team de Blind Ego pour une deuxième production sobrement intitulée Numb.
Et si Mirror ne pouvait pas renier les racines de son leader, lorgnant de façon évidente vers Kino et RPWL, cette nouvelle galette prend une option beaucoup plus radicale, faisant plus que flirter avec le métal... Exit les claviers, le groupe s'est resserré autour du trio voix/basse/guitare, soutenu par une batterie fusionnelle.
Dès les premières notes de Lost, c'est le Porcupine Tree du 21è siècle qui frappe aux oreilles : voix de velours sur fond de guitares acérées, avec quelques respirations qui font que le titre n'est pas totalement catalogué "métal". En revanche, le virage métallique survient dès la deuxième plage, et va se répandre sur la quasi-totalité des compositions de Numb telle une nappe de pétrole envahissant les eaux calmes de la Méditerranée. Les amateurs de murs sonores seront ravis, les oreilles plus mesurées des amateurs de progressif moins violent et des groupes d'origine du trio de base de Blind Ego le seront sûrement un peu moins.
Alors certes, l'ami Kalle (interdit de rigoler...) parvient toujours à nous sortir de sa six cordes quelques soli magiques (final de Torn par exemple), mais ceux-ci ne parviennent pas à illuminer une musique finalement plutôt lourdingue. Malgré cela, les compositions restent solides et les mélodies inspirées. Malheureusement, l'univers sonore beaucoup moins varié que dans les productions made in Steven Wilson va finir par lasser quelque peu les oreilles attentives à un peu plus de rebondissements. Ces dernières trouveront toutefois à rester en éveil pour leur plus grand bonheur avec Death, titre le plus long du CD, à l'orientation nettement plus progressive et présentant de réels changements d'intensité, à la manière … du groupe au porc-épic justement. Pour l'anecdote, on pourra également évoquer Risk, petite oasis acoustique au milieu du magma, mais qui se trouve être également le titre le moins inspiré de l'album.
Succombant comme beaucoup d'autres à la mode du métal (probablement plus vendeur que le progressif), en adoptant la sonorité mais pas forcément la totalité des codes de composition, Blind Ego a malheureusement oublié en route ce qui aurait pu lui apporter une touche d'originalité par rapport à une scène déjà bien encombrée et dominée sur le secteur qu'il a choisi par Porcupine Tree, dont la musique s'avère autrement plus percutante.