A la question « Aimez-vous les bonbons ? », 90% des sondés ont répondu « Oui ! ». A celle « Les aimeriez-vous tout autant si vous saviez qu’ils peuvent être nocifs pour votre santé ? », 100% des consommateurs ont répondu « Dis donc tu vas me laisser bouffer mes bonbons peinard ?! ». J’aime les bonbons, n’en déplaise aux diététiciens, et je me soucie bien peu des effets secondaires : j’aime donc Mastercastle !
Voilà un groupe a pris le parti d’aller à l’essentiel en distillant son Power Metal direct avec rigueur et une bonne humeur plaisante. Le choix d’une chanteuse, la belle italienne Giorgia Gueglio, plutôt que d’un chanteur, confère à l’ensemble quelques touches de douceur et sensibilité bienvenues. La ballade « Lullaby Noir », touchante sans être sirupeuse, mélancolique sans être dépressive, en est une belle preuve. Par ailleurs, on aura vite fait de remarquer que notre vocaliste ne s’emploie pas à vouloir passer le mur des ultrasons comme certaines de ses consœurs. Elle officie dans une tessiture tout à fait naturel, sans colorant ni conservateur !
Les rythmiques sont basiques mais efficaces et deux ingrédients sont ici à souligner. Le premier, Pier Gonella, six-cordiste au bagage déjà conséquent (Labyrinth, Necrodeath, Odyssea), nous offre des riffs et des soli inspirés, tirant régulièrement vers quelques pulsions « shrediennes » néo-classiques que ne renierait pas un Malmsteen. Le second est le batteur métronomique, Alessandro Bissa, lui aussi connu de nos services puisqu’officiant chez Vision Divine. On pourra lui reprocher de rester un peu trop en terrain conquis, ce qui finit par conférer une impression de redite frustrante, car il pourrait se donner un peu plus de mal sans trop de peine. La production manque d’un peu de puissance, mais on saluera sa précision rendant chaque goût identifiable.
A côté des hymnes imparables que sont « Words Are Swords », « Space » ou « The Phoenix », on retrouve ainsi des titres de très bonne tenue, mais déjà plus anecdotiques, tels qu’un « Princess Of Love » kitch à souhait, un « Dawn Of Promises » légèrement trop étirée et un « Greed Blade » qui ne décolle jamais vraiment.
Deux OVNIs viennent compléter la galette : les instrumentaux « My Screams » et « Memories », faisant la part belle à Pier Gonella qui laisse éclater ici tout son talent… ou non ! Car si « My Screams » est en effet un très bon titre aux cavalcades digne d’un Satriani ou d’un Eric Johson, « Memories » est l’exemple type de l’instrumental raté : mélodie bancale, riffs banals, soli irritants… un ratage dans les grandes largeurs. Heureusement, « Cradle Of Stone » vient offrir une conclusion plus digne à l’œuvre avec une nouvelle boucle hypnotique à la six-cordes, mais la pilule reste dur à avaler.
Alors après tous ces éloges et ces rares points noirs signalés, que justifie une note relativement moyenne ? Et bien il faut croire que j’ai malgré moi un tempérament caché de diététicien, qui me souffle que les sucreries les unes après les autres finissent par lasser. Du coup, et c’est un fait scientifique, une fois la dragée avalée, sa durée de vie pourra s’avérer assez limitée, et le plaisir des premiers instants s’estomper au fil des écoutes. Remarquez, pour l’instant je fais toujours partie de nos sondés les plus enthousiastes, et à mon double maléfique je rétorque encore « Dis donc tu vas me laisser bouffer mes bonbons peinard ?! ».