Après Glyder et The Answer, voici que l’Irlande nous offre un nouveau jeune groupe talentueux du nom de Million Dollar Reload. Originaire de la partie nord de l’île (Belfast), le quintet s’est déjà forgé une réputation en ouvrant pour Alice Cooper, Adler’s Appetite ou Gilby Clarke. C’est d’ailleurs vers l’œuvre des Guns’n’Roses, dont sont issus ces deux derniers, que lorgne la musique de Million Dollar Reload (M$R pour les intimes), sans pour autant cloner le légendaire combo US. En effet, les influences sont aussi nombreuses que digérées par les jeunes britanniques, et si l’on peut penser à AC/DC, L.A. Guns ou Buckcherry, nous sommes toujours très éloignés du risque de plagiat.
« Anthem Of A Degeneration » est en fait réédité à l’occasion de la signature de M$R chez Lime Records, cet album ayant vu le jour en 2007 sous forme d’autoproduction. Mais les jeunes Nord-Irlandais ayant fait leurs preuves depuis, il ne faisait aucun doute qu’ils finiraient par attirer l’attention d’un label professionnel. S’il ne réinvente pas le style, le quintet l’interprète avec une énergie débordante n’étant pas sans rappeler certains groupes punk. Emmenés par un Phil Conalane chantant avec quelques intonations dignes de Bon Scott, M$R nous déverse 15 titres de Hard Rock’n’Roll en fusion d’une efficacité jamais prise en défaut. Les 6 premiers titres défilent sans temps mort et il faut l’arrivée du mid-tempo « The Last Icon » pour nous permettre de reprendre notre souffle. Ce dernier, hommage aux stars disparues, est également l’occasion de constater les qualités vocales de Conalane dont la performance est époustouflante d’émotion et de variété.
N’espérez pas pouvoir vous reposer après ce titre car la déferlante est relancée jusqu’à la ballade finale, la superbe « Travel », qui voit le chanteur nous offrir une mélodie au piano qui fera fondre les plus tatoués d’entre vous. Cependant, si nous citons les 2 titres les plus calmes, il ne faudrait pas oublier les 12 brûlots qui composent l’essentiel de cet album, « Inspermental » n’étant qu’un instrumental relançant la suite de l’album sur fond de gémissements féminins. Parmi cette abondance de singles en puissance, nous retiendrons l’introductif « Get It Up » et ses premiers accords à l’harmonica au coin du feu, dignes de ceux du « Uncle Tom’s Cabin » de Warrant. « Livin’ In The City », qui fait office de premier single, s’oriente vers l’efficacité des Guns’n’Roses, et est couplé au plus Rock’n’Roll « Goodnight New York » qui le suit dans un enchaînement enflammé. « Degeneration » œuvre dans un Boogie-Hard-Rock aux accents AC/Dciens étoffé d’effluves dignes des Black Crowes. Quant à « International Anthem », il voit son énergie punkisante renforcée par un solo tranchant, doublé d’un break mélodique et efficace. Enfin, nous n’oublierons pas la tornade de « Superslave » et le prochain single « You Can’t Stop Me From Flying » à la structure à tiroirs alternant des couplets plus calmes et des refrains en fusion.
Vous l’aurez compris, il est difficile de faire ressortir certains titre d’un ensemble particulièrement homogène, et chaque composition oubliée dans cette chronique y mériterait pourtant sa place, même si la fin de l’album souffre tout de même d’un léger ventre mou. C’est d’ailleurs ce passage qui nous pousse à penser que « Anthem Of A Degeneration » aurait gagné en impact avec un nombre de titres plus réduit. Mais, étant donné son efficacité, l’absence de ce défaut en aurait fait un album référence, ce qui n’est pas forcement évident à gérer pour un groupe lorsqu’il s’agit de sa première œuvre. Il n’empêche que rares sont les combos faisant preuve d’une telle maturité dès leurs débuts, et s’ils ne révolutionnent pas le style, les Million Dollar Reload apportent tout de même une belle pierre à son édifice. Et comme le disent si bien Jagger & Cie : « I Know, It’s Only Rock’n’Roll, But I Like It ».