Le groupe Minimum Vital nous vient d'une des plus belles régions de France, j'ai nommé la région bordelaise. Fondé par 2 frères jumeaux, Thierry et Jean-Luc Payssan, le groupe portera d'abord le nom de Concept avant de s'appeler Minimum Vital dès 1985. Passons sur les nombreux et normaux changements de membres pour en arriver à la sortie de leur premier album, Envol Triangles la même année (sous forme de K7 autoproduite, puis, en 1986 chez Musea en 33 tours). Viendront ensuite Les Saisons Marines en 1988 et enfin, en 1990, Sarabandes, qui nous intéresse aujourd'hui.
La musique que nous donne à écouter Minimum Vital dans ce Sarabandes est, à deux exceptions près, entièrement instrumentale. Les influences les plus marquantes dans cet album sont à aller chercher du côté de Camel et Mike Oldfield. Viennent se mêler dans Le Chant du Monde par exemple des consonances celtiques du plus bel effet. Ce titre est d'ailleurs le plus abouti du disque, avec une ambiance installée par une introduction à l'accordéon accompagné d'une simple guitare sèche. Lorsque le groupe intervient dans son entier, la succession de thèmes est un vrai régal et rappelle qualitativement le Camel des grandes années avec Peter Bardens. Les claviers offrent des sonorités d'instruments classiques très réussies, ce qui à l'arrivée fait de ce morceau le meilleur de Sarabandes.
Si le court La Porte de l'Eté est entièrement interprété à la guitare acoustique (exercice qu'ont affectionné les Steve, Hackett et Howe), tous les autres sont riches en sonorités de synthés. Certains sons auraient mérités un autre traitement. En effet, avec le recul des années, ils sonnent beaucoup trop artificiels (Danza Vital) et font tâches dans la palette de sons, magnifiques par ailleurs. Les guitares ont-elles aussi un éventail sonore propre au Rock Progressif, rien de lassant ou de limité de ce côté-là.
Hymne et Danse, la plus longue des 8 pièces, résume assez bien ce que l'album renferme : une multitude de thèmes bien développés, une rythmique bien assise (la basse est fameuse), des plages sonores variées (intro au piano, solo de guitare, passage chanté de type cantique, …), mais aussi un certain manque de frisson.
En résumé, Minimum Vital, pour son premier opus édité directement en CD (les 2 premiers ont connu ce format plus tard, en 1992), montre ses capacités, indéniables, mais aussi ses limites. L'absence de vrai chant en est peut-être la cause. Une certitude, nos bordelais étaient très proche, en 1990, de sortir un grand disque. Et c'est déjà beaucoup, certains n'ont jamais eu ça malgré une longue carrière…