Après 4 albums couronnés de succès (ceux-ci atteignant par ordre chronologique la 60ème, 54ème, 44ème et 40ème place des charts US) et une notoriété grandissante, Yngwie Malmsteen profite d’une tournée dans ce qui est encore l’U.R.S.S. pour enregistrer son premier album live (si l’on excepte le « Live Sentence » enregistré avec Alcatrazz). C’est à l’occasion de la tournée « Odyssey » que le groupe du suédois, le Rising Force, met en boîte un concert à Leningrad en février 1989. Cet album est à ce titre un disque charnière dans la carrière de Malmsteen. Il clôt sa période la plus populaire et également la plus néo classique de sa carrière. La suite le verra en effet s’orienter vers des horizons plus FM, puis plus Heavy, et surtout verra son aura et sa popularité pâlir.
Mais stoppons-là nos blasphèmes sur le Maître et arrêtons-nous un peu sur ce « Trial By Fire ». Le son est très bon. A la fois puissant et clair. Les mauvaises langues, comme Jens Johansson le clavier historique du Suédois, prétendrons que, à l'exception de la batterie, la totalité des titres de ce live a été réenregistrée par la suite en studio. Cependant, force est de constater que la batterie est un des points faibles de l’album.
Le choix des titres est excellent, ce qui n’est pas très difficile au regard de la qualité des albums précédents de Malmsteen. Joe Lynn Turner est très en voix, que ce soit sur ses compositions comme sur celles de ses prédécesseurs. Il est particulièrement bons sur les morceaux plus lents tels « Queen In Love » et « You Don’t Remember, I’ll Never Forget ». Les mauvaises langues prétendront qu’il est même excellent sur l’instrumental « Dreaming ». Jens Johansson dispose de beaucoup d’espace pour briller ce qu’il fait avec talent, notamment sur l’instrumental « Far Beyond The Sun » où il rivalise de virtuosité avec la guitare. Son frère, Anders, assure convenablement son rôle bien qu’étant desservis par un son de batterie un peu poussif.
Une grosse déception cependant, alors que tout le monde pensait qu’Yngwie allait assurer conjointement guitares et basse sur scène (Dix cordes pour dix doigts, cela me semble à la portée du Maître), celui-ci brise le mythe en confiant la 4 cordes à Barry Dunaway, que nous retrouverons d’ailleurs, presque 10 ans plus tard, sur le second album Live de Malmsteen, appelé… « Live !! ».
Plus sérieusement, nous découvrons un Malmsteen impérial (comment eut-il pu en être autrement ?) qui truffe les morceaux d’interventions plutôt bien senties mais surtout très bien maîtrisées. Mais le suédois montre également d’autres facettes de son talent, notamment au travers de « Spanish Castle Magic », une reprise d’Hendrix, une de ses plus fortes influences revendiquées, ou bien au travers de « Spacebo Blues ». Alors que le passage en live du style ultra précis et mélodique de Malmsteen pouvait légitimement faire craindre le pire, le résultat est plutôt une réussite et donne une bonne vision de son talent.
Il est certains que les réfractaires aux longues envolées de guitares auront un peu de mal à passer le cap des 8 minutes de « Far Beyond The Sun » et surtout des 10 minutes de « Guitar solo », mais les autres applaudiront des deux mains et se prosterneront humblement devant leur Maître.