C'est l'histoire d'un jeune anglais qui, à l'aube du premier conflit mondial, traverse l'Europe en partant du sud de l'île, pour se rendre à Berlin en passant par des lieux qui deviendront par la suite tragiquement célèbres comme par exemple la forêt d'Argonne. Cette histoire nous est proposée par les frères Davis - Jack à la basse, Paul au chant, guitares et claviers – accompagnés par Russel Wilson à la batterie, regroupés sous la bannière de Vienna Circle.
Après une introduction très acoustique du thème musical de l'album (White Clouds) et un démarrage tout en douceur de First Night In Berlin sur lequel se pose une voix délicate, quelques notes magiques surgissent de la guitare de Paul Davis : autant vous l'avouer tout de suite, ce petit solo d'à peine 30 secondes m'a immédiatement donné la chair de poule, me rappelant la magie d'un certain Easter et le touché alors magique de Steve Rothery (Marillion).
La tonalité d'ensemble est posée, et Stars Of May va poursuivre sur la lancée : des mélodies chantées de toute beauté, avec un timbre de voix rappelant les stars de la pop anglaise des nineties (et notamment Liam Gallagher d'Oasis), et des passages instrumentaux inspirés, à forte coloration néo-progressive, dominés par une guitare au son d'une pureté exceptionnelle … Mike Oldfield n'est alors pas très loin.
Et loin de se contenter de petites perles néo-progressives, Vienna Circle démontre également une certaine ambition de composition, proposant ainsi deux épics de 10 minutes, permettant à la fois de développer le contexte de l'album, et de donner libre cours à des développements instrumentaux qui confirment un peu plus la tonalité générale de l'album : le mid-tempo domine, avec quelques emballements une nouvelle fois menés par la guitare, bien soutenus par des claviers symphoniques qui, loin d'être pompeux, œuvrent avec une délicatesse remarquable.
Alors certes, il y bien quelques petits trous d'air dans cet album, avec quelques passages semblent-ils rendus obligatoire pour développer le concept, mais pas toujours très réussis (deux ou trois passages au début de Conquered Air, ou encore A Break In The Clouds). Mais très rapidement, la guitare reprend le pouvoir et nous assène un nouveau soli qui s'incruste dans le cerveau, pour ne plus nous lâcher.
De même, le timbre de voix de Paul Davis (et surtout son accent !) ne m'a pas toujours convaincu … question de goût sans doute et de contexte ambiant.
Pourtant, l'ensemble reste très homogène, et la reprise et le développement du thème initial (White Clouds Finale) en clôture de l'album viennent refermer une parenthèse quelque peu magique, que l'auditeur conquis a immédiatement envie de rouvrir en reprenant la lecture à son début.
Pour son premier album, Vienna Circle fait une entrée très remarquée dans le cercle des groupes majeurs du néo-progressif britannique, qui fait aujourd'hui face à une très forte concurrence polonaise. Avec White Clouds, nul doute que le groupe dispose d'arguments plus que conséquents pour s'immiscer sur un créneau déjà bien encombré, nous distillant 54 minutes de pur bonheur auditif.