Avec leur précédent effort, Judas Priest était rentré avec fracas dans la nouvelle décennie, prêt à en découdre. Mais comment enchaîner après "British Steel" ? Comment donner suite à un album aussi définitif, intemporel ? Judas Priest tentera une réponse en sortant l'année suivante ce "Point Of Entry".
Autant le dire tout de suite, cet album sera un semi-échec. Boudé par les fans et les critiques, il n'en est pas moins la suite on ne peut plus logique de son prédécesseur. Le son définit sur "British Steel", très métallique et détaché de toute influence blues est toujours très présent. Le jeu de Dave Holland, assez caractéristique, joue aussi un rôle dans le rapprochement entre les deux albums. Seulement voilà, il n'a pas l'aura de son grand frère. Pour quelques paris trop risqués, quelques tubes en moins, voilà "Point Of Entry" qui se retrouve au fond de la classe.
Il est d'ailleurs évident que, malgré une monture commune, les Anglais lèvent le pied sur cet opus. De nombreux titres sont assez lents, voire lancinants ("Turning Circles", "Don't Go"...). Si certains hymnes métalliques sont toujours là ("Heading Out To The Highway", le hargneux "Hot Rockin" et son solo sautillant) le sens du tube de "British Steel" a en effet disparu. Ces poussées métalliques accrochent moins, font moins bouger la tête. Les poussifs "Troubleshooter" et "On The Run" le confirment. Malgré cela, la plupart des titres sont pourtant assez prenants à leur façon.
En effet, s’il est étrange d'entendre un groupe culte comme Judas Priest jouer aussi calmement, l'album amène au fil des écoutes son lot de subtilités. Certains morceaux sont plus osés, comme le mélancolique et rythmé "Desert Plains" et son solo plus que sympathique. Certains refrains, comme celui de "You Say Yes", et certains morceaux dans leur globalité ("Solar Angels", "All The Way") sont assez surprenants, presque calibrés pour les radios. Le sentiment d'entendre un vieux groupe de hard FM se confirme tout au long de l'album, mais avec les qualités que cela implique. Le song-writing est soigné et c'est agréablement que se déroule le fil de l'écoute.
Le fan de la période plus nerveuse du Priest sera sans doute dérouté par cet album plus léger, mais il ne pourra pas nier les qualités d'écriture qui en font malgré tout un album très reposant à écouter. Il serait dommage de ne pas en profiter, d'autant plus que ce ralentissement n'aura pas duré longtemps, puisque avec "Screaming For Vengeance", le groupe reprendra du poil de la bête.