On pourrait penser qu’il y a chez les chroniqueurs une certaine forme de plaisir à détruire un album : c’est faux. Il n’y a pas, je puis vous l’assurer, le moindre plaisir à devoir constater la piètre qualité d’une œuvre, quand bien même son auteur ferait preuve d’une prétention injustifiée à son égard, travers dans lequel Wizard a au moins le mérite de ne pas tomber. Aucun plaisir je le répète, car on ne peut pas concevoir qu’un artiste ait volontairement voulu mal faire : il a créé, investi une part de lui-même, voulu offrir le résultat au plus grand nombre, et malheureusement cela se meut en échec.
Avec ce premier album, Wizard illustre tout à fait ce cas de figure. Indéniablement les Allemands sont fans jusqu’au bout du gourdin de Manowar, et tout aussi sûrement ils n’ont pas le talent des Américains. Car en effet, si l'on taxe régulièrement Manowar de groupe préhistorique, à la sensibilité croc-magnonesque, force est de constater que n’est pas Manowar qui veut ! Ainsi, ce que le True Metal des Gods of Metal a de direct et d’accrocheur se voit ici réduit à une musique simpliste, basique, primaire... En un mot mauvaise.
On pourrait tour à tour déverser un flot de synonymes péjoratifs sur la production, indigne de la plupart des démos qu’osent envoyer les groupes même pour un premier album, ou sur les compositions, qui hésitent entre la ratage complet d’un break comme celui de "Sign Of The Wizard", singeant maladroitement (le mot est faible !) un "Battle Hymns", ou sur la platitude de tout les autres morceaux.
On pourrait également s’acharner sur la voix inaudible, pas à cause de sa puissance mais de sa qualité, d’un Sven D’Anna qui nous inflige un accent anglais inexistant, massacrant jusqu’à la relative accroche du refrain de "Death Or Glory". On notera quand même le summum du mauvais goût atteint par les bruits de bataille (pendant 1 minute, excusez du peu !) sur "Lonely Wolfe", tout en remarquant que si vous en êtes arrivés là, c’est déjà que vous avez fait preuve d’une résistance surhumaine !
Le sadisme voudrait que l’on sonde chaque morceau pour en faire une destruction en règle, le sublime et raffiné "Fuck Your Ass" s’en tirerait alors sans doute avec le trophée du pire du pire, traduisant toutefois avec une justesse tristement comique le sentiment de celui qui aura payé pour ce disque !
La décence nous incitera juste à signaler qu’il n’y a strictement rien à sauver ou retenir de ce premier effort de Wizard, si effort il y a réellement eu. Ce disque n’est pas bon ou mauvais : il est inepte et n’aurait jamais du paraître. Puisqu’il est pourtant bel et bien parmi nous, à vous de ne jamais l’acheter, l’écouter ou faire mention de son existence.