Aie, que se passe-t-il donc ? En 25 ans de carrière et environ 26 albums, Yngwie Malmsteen a toujours su faire preuve d’une constance rare dans le mauvais goût de ses pochettes. Et paf, l’incident bête. En 2009, il décide de sortir un album sans se mettre dessus, une Fender à la main. Et il en résulte une pochette charmante, très charmante même, trop charmante d’ailleurs, tellement charmante qu’elle en est inquiétante. Et cette inquiétude est bien fondée, car la partie artistique de son dernier disque est, elle bien moins chatoyante.
Pourtant, le Suédois restait sur un très bon album (« Perpetual Flame ») et l’idée de base de cet « Angels Of Love » était plutôt intéressante : réinterpréter certaines de ses compositions de manière dépouillée, uniquement à la guitare acoustique. La qualité de compositeur de Malmsteen, mariée à sa technique dans un cadre sobre pouvait faire rêver. Mais le réveil est bien triste. « Angels Of Love » est une compilation de neuf anciens titres auxquels s’ajoute un inédit, « Ocean Sonata », que le Maestro aurait réenregistré pour faire plaisir à sa femme, April Malmsteen, créditée en tant que directrice artistique. Celle-ci, n’appréciant pas le Hard Rock, était déjà intervenue par le passé en faisant pression sur son mari afin qu’il ajoute des passages acoustiques sur « Unleash The Fury ».
Ce n’est pas la démarche qui pose problème car Yngwie a complètement retravaillé les titres proposés ici dans des versions quasi méconnaissables. A l’image de « Crying » et de « Brothers », les morceaux ont subi un lifting complet qui les transforme de fait en nouveau titre. Seul « Sorrow », issu comme deux autres titres de « Seventh Sign", reste très proche de la version originale. Cette recherche de renouvellement est donc plutôt à son honneur. Non, c’est la nature de l’orchestration qui dérange... Fi des espoirs de sobriété, Yngwie a superposé des couches de synthétiseur bon marché à tous les niveaux et a multiplié les pistes de guitares. Il en résulte un sentiment de monotonie. Aucun relief ne vient réveiller l’auditeur, les mélodies sont engluées dans une guimauve grossière et le style est pompeux et manque de finesse. Certes l'album se laisse écouter sans problème mais nous sommes là très proche de la musique New Age et l’ennui gagne vite.
Cet album met ironiquement en relief les déclarations passées de Malmsteen qui déclarait alors que, pour lui, un album acoustique serait ennuyeux. Voici donc une très grosse déception, surtout après les espoirs que « Perpetual Flame » avait suscité. Allez Yngwie, donne des crayons de couleur à tes gamins, demande-leur de te bâcler un gribouillis en guise de pochette de disque et cours nous pondre un digne successeur à "Perpetual Flame".