Mais où vont-ils s’arrêter ? A se tirer la bourre de la sorte, les combos issus du giron Klonosphère atteignent des sommets pour le plus grand plaisir de leur base de fans, enfin fiers d’être français en terme de musique ! En effet, à peine remis du terrible uppercut « Mind Over Matter » balancé par Mistaken Element, voici que le grand frère Hacride nous en remet une couche… Et quelle couche ! Il va sans dire qu’après le sensationnel « Amoeba » dans lequel les poitevins nous avaient entraîné dans les tréfonds des énergies cellulaires des amibes, Hacride était attendu au tournant pour confirmer son nouveau statut de leader de la scène metal extrême française !
Et comme pour rassurer les plus impatients, « To Walk Among Them » reprend les hostilités là où les avaient laissé le monumental « On the Threshold of Death ». Ces deux pièces maîtresses dans la discographie d’Hacride établissent une véritable passerelle entre les deux derniers albums en date. L’augural de plus de quinze minutes « To Walk Among Them » marque l’évolution notable du combo et l’étiquette de groupe mathcore déclinée sur le mode Messhuggah s’estompe totalement pour laisser place à un death post-core progressif dense et compact, alliant atmosphères ambiantes et mélodiques, sombres et torturées.
A tout point de vue, une telle introduction grandiose aurait pu déstabiliser ceux qui ont porté aux nues « Amoeba ». Il n’en est rien ! Les sept titres constitutifs de « Lazarus » repoussent les limites de la musicalité à la manière du personnage central de cet opus touché par le syndrome de Lazare. Au gré des atmosphères générées, Hacride nous plonge dans les affres émotionnelles d’un ressuscité à la vision altérée. A tous ces égards ainsi que la durée conséquente de chaque titre, « Lazarus » est à appréhender comme un véritable concept-album expliquant l’étiquette progressive que certains voudraient dorénavant lui coller.
Mais toute volonté de classer la musique d’Hacride vole en éclat tant les compos d’Adrien Grousset sont plus ambitieuses et inventives que jamais avec un accent tout particulier porté sur des atmosphères hypnotiques et torturées au détriment des plans brutaux et destructurés qui foisonnaient sur « Amoeba ». L’autre évolution notable sur « Lazarus » est le chant de Samuel Bourreau qui a élargi sa palette d'émotions en ajoutant une corde claire à son arc vocal.
Le résultat de tous ces éléments combinés est une totale immersion au cœur même des errements du personnage central aux émotions contrastées. Ces évolutions marquées du sceau de la maturité musicale - mais également vocale - finissent de façonner l’univers musical d’Hacride, magnifié par la production léchée de Franck Hueso. Une richesse incroyable où riffs lourds et massifs côtoient atmosphères mélancoliques et pesantes qui frapperont les premiers fans du groupe. L’émotion qui jaillit de ces superpositions de nappes atmosphériques est plus forte que jamais et placent les mélodies d’Hacride au niveau de celles planantes chères à Mikael Åkerfeldt.
Pour ce troisième opus, véritable juge de paix quant au statut d’un groupe, Hacride a placé la barre très haut en osant le pari du concept-album tout en modifiant notablement son approche musicale. Pari gagné ! Le résultat est un véritable chef d’œuvre, d’une intensité incroyable, plaçant « Lazarus » au panthéon des albums extrême. Ni plus, ni moins !