Le punk, et particulièrement ses déclinaisons hardcore, est un genre constamment décrié, hué, méprisé par le reste de la communauté rock qui leur reproche d'aligner avec vulgarité des paroles débiles sur une musique de primates. Au sein même de la communauté punk, NOFX est parfois décrié, hué, méprisé pour leur attitude fun et leur blagues de potaches. Le 'no future' est quelque chose de sérieux que diable, un peu de respect.
Après quelques albums tâtonnants entre 'inaudibles' et 'un peu mieux', NOFX prend tout ce joli monde a contrepied en sortant en 1999 un EP sur lequel figure un seul et unique titre de dix-huit minutes vingt deux: The Decline. Le concept est simple. Il s'agit de décrire le déclin de l'humanité à travers le cas particulier des USA dont la politique révolte particulièrement les membre du groupe californien.
De paroles débiles, il n'est plus question. Le sujet est traité avec véhémence et passion, sans nuance, mais avec une grande crédibilité. La passivité du peuple qui se cache le problème et l'hypocrisie du gouvernement sont les fils rouges de ce constat amère. Le groupe ne se contente pas de survoler le sujet avec légèreté. Leur engagement contre Bush (plus tard) prouvera à quel point cela leur tient à cœur.
De musique facile, il n'est plus question. Le morceaux est construit, tout en breaks et en riffs. Certains changements de rythme se font après quelques mesures seulement, certains breaks sont en épingle à cheveux, mais cela reste cohérent, propulsé par un moteur commun qu'est l'énergie endiablée du tout. Le morceau démarre sur les chapeaux de roue, avec des rythmiques de guitares qui se réduisent à un vrombissement saccadé. Petit à petit, ça part un peu dans tout les sens, avec des cassures, des ralentissements soudains, du groove inattendu. Le texte défile tristement au milieu de se déluge de feu, comme une incantation hurlée.
Puis tout semble s'arrêter. Les guitares se crachent dans une dernière distorsion, ne laissant place qu'à un gimmick inquiétant. Doucement, le morceau renait de ces cendres. Le chanteur commence par psalmodier des paroles hypnotique ("One more pill to kill the pain, one more pill to kill the pain, living throught conformity...") pour exploser quelques minutes plus tard sur un final haletant au cours duquel il est impossible de ne pas être emporté.
Inutile d'en dire plus, avec cet EP, NOFX brise la majorité des préjugés sur le punk et nous offre une œuvre majeure, triste vision d'une société étouffante. À l'heure des faux semblants pudiques, voici vingt minutes de sang, de sueur et de larmes.