Christophe Marquilly est l’ex guitariste et chanteur de Stocks et il nous revient cette année avec l’excellent "Rien n’Est Joué". Sans surprise, le Marquis nous amène dans un univers où se mêlent Rock, Blues et variété. Qu’attendre de plus du bonhomme : le Rock et le Blues le bercent en effet depuis près de 30 ans.
Si la surprise n’est pas vraiment au rendez-vous, difficile d'en dire autant de la qualité. Il y a plus de 20 ans son écriture brillait déjà par sa maturité et sa classe, et il n’a rien perdu dans ces domaines. Tout au plus pouvons nous constater un peu plus d’amertume et de colère dans ses textes ("Ville En Sursis" , "Des Croix Des Noms", "Je Refuse"). Visiblement les années n'auront ni assagi ses propos ni émoussé sa rage.
Tout au long des 14 titres qui composent cet album nous voguons avec plaisir vers les rivages les plus variés. Du Blues (« Ne Me Retiens Pas », « Message »), au Rock intimiste ("Je Sais Rien", "Regarde", "Elle & Lui"), sans oublier du rock plus burné sur l’excellent "Je Refuse" ni la variété avec "Rien n'est Joué". La seule constante est la qualité.
Cette qualité est présent partout: que ce soit au niveau du son, qui allie puissance et clarté, au niveau des compositions, ou bien au niveau de l’interprétation qui respire la passion. Il n’y a pourtant rien d’extraordinaire dans cet album, les guitares sont classiques, la voix de Christophe Marquilly, si elle est très agréable, n’a rien d’exceptionnelle, les compositions ne révolutionnent pas le genre. Et pourtant l’alchimie est bien présente.
Les mélodies sont merveilleusement ciselées, les textes recherchés, les riffs efficaces… Tout concours à ce que le plaisir soit présent dès la première écoute. Certains titres sortent du lot, le très bon "Je Refuse" qui voit le chanteur déclamer son intégrité avec conviction, "A l’Ouest" et surtout "Rêves d’Irlande" aux sonorités folk et celtiques. Citons également "Ne Me Retiens Pas" dans lequel il fait lâche effectivement un peu les rênes de sa guitare.
D'ailleurs, un des petits regrets de cet album réside peut être dans la sobriété des guitares. Peu de soli à se mettre sous la dent, et une retenue assez surprenante de la part du guitariste qui n’hésitait pas à transcender de ses interventions les compositions de Stocks. Si cette sobriété est regrettable pour qui connait les capacités du guitariste, il faut admettre cependant qu'elle correspond à merveille au ton plus personnel, nostalgique et intimiste de l’album.
Un retour gagnant qui fait bien plaisir à entendre et qui s’adresse aussi bien aux amateurs de Rory Gallagher, de Dire Straits qu'à ceux de Johnny Halliday ou de Loreena MacKennit.